Le quartette a réagi au discours historique prononcé par le président Mahmoud Abbas, hier à New York, sur la demande d´adhésion de la Palestine à l´ONU, en invitant les Palestiniens et les Israéliens à retourner à la table des négociations. Depuis Oslo, rien de nouveau Ce groupe des quatre (les Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU n´a rien innové puisque la voie qu'ils préconisent pour le processus de paix au Proche-Orient ne conduira nulle part dans les conditions qui sont celles d´Israël, soutenues par Washington. Depuis la signature des Accords d´Oslo portant sur règlement définitif et durable du conflit israélo-palestinien, voilà plus de deux décennies, ces négociations sont systématiquement paralysées par Israël. Benyamin Netanyahu, allié et otage à la fois de l´extrême droite représentée par son ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, ne veut pas entendre parler des engagements pris à Oslo. Vendredi à New York, le Premier ministre israélien a appelé le Président Mahmoud Abbas à négocier avec Israël l´entrée de la Palestine à l´ONU, en omettant de citer les inacceptables conditions d´Israël. C´est-à-dire un Etat dans les nouvelles frontières de la colonisation juive en Cisjordanie, la reconnaissance du caractère juif de l´Etat hébreu où vivent près de deux millions d´aborigènes palestiniens qui deviendraient alors de simples résidents étrangers en Israël, avec El Qods pour capitale éternelle, et pas question du droit au retour des réfugiés de 1948. Une fois de plus, Netanyahu a mis en avant son cheval de bataille, la «sécurité d´Israël». Autrement dit que seules les frontières de la nouvelle colonisation juive en cours lui garantiraient sa sécurité.
Le refus de faire pression sur Israël Le quartette ne veut pas se positionner par rapport au mécanisme de blocage israélien. Or l´unique solution pour débloquer de processus de paix auquel il appelle réside, aux yeux des spécialistes du dossier du Proche-Orient, dans sa propre implication dans ces négociations. Autrement dit, à travers sa volonté de faire pression sur le gouvernement israélien, sans quoi ce sera de nouveau l'impasse et le retour garanti à la dégradation de la situation sur le terrain. Par implication, il faut entendre pressions sur l´Etat hébreu pour l´amener à retourner aux frontières de l´armistice de 1947. L´invitation formulée par le quartet conduira, en effet, droit dans l´impasse si elle n´est pas accompagnée de pressions sur Israël pour qu´il respecte les résolutions du Conseil de sécurité de l´ONU sur le retour aux frontières de 1967, dont la résolution 242 sur le retrait d´Israël de tous les territoires occupés depuis la «guerre des six jours». Il se trouve qu´Israël occupe toujours la Cisjordanie et El Qods et poursuit la colonisation de ce qui reste de la Palestine, dans l´indifférence de la communauté internationale. Le veto américain est là. Depuis la signature des Accords d´Oslo, le nombre des colons juifs établis à l´est de El Qods a été multiplié par quatre. Ces colons sont, aujourd´hui, le quart de la population de Cisjordanie alors que les terres de la Cisjordanie ne constituent plus que le quart du territoire palestinien issu du partage de la Palestine par le Conseil de sécurité en 1947.
Aux calendes grecques C´est cette politique du fait accompli colonial que les Etats-Unis, par la voix du quartet, tentent d´imposer aux Palestiniens dans leurs futures négociations avec Israël. Hier, le quartette a proposé la création de l´Etat palestinien avant la fin 2012. Sur quelle base a été fixée cette échéance qui coïncide, curieusement, avec le début du mandat du prochain président des Etats-Unis et l´arrivée en Israël d´une nouvelle équipe encore plus à droite de Benyamin Netanyahu ? C´est tout le mystère de ce nouveau calendrier qui ne préside d´aucune intention des puissances occidentales de faire respecter la légalité internationale sur la question palestinienne. En revanche, s´agissant de bloquer l´initiative du président Mahmoud Abbas, Washington l´a fait par anticipation et sans état d´âme, avant même qu´elle n´arrive au Conseil de Sécurité de l´ONU. Le calendrier fixé par le quartette est fictif. Il s´agit a priori d´un leurre, le temps de calmer l´enthousiasme palestinien et arabe suscité par l´initiative du président Mahmoud Abbas. D´ici 2012, il passera de l´eau sous les ponts. En deux ans, les colons juifs seront encore plus nombreux en Cisjordanie. Obama ne sera vraisemblablement plus à la Maison Blanche et le futur président, un républicain encore plus ami d´Israël que ne l´est le président actuel, engagera, à son tour, l´éternelle virée du pèlerin au Proche-Orient.
Clinton 2001, Bush 2008, Obama 2011, le quartette 2012… Bill Clinton avait bien promis la création de l´Etat palestinien en 2001, Bush pour 2008, Obama pour 2011 et à présent le quartette pour 2012. Chaque fois, le projet palestiniens est remis aux calendes grecques. Avant son triomphe de samedi dernier à l´ONU, Mahmoud Abbas a laissé l´impression de ne pas se laisser abuser une fois de plus par les promesses occidentales? Il sait que la solution, à présent, ne dépend plus que de la seule volonté des Etats-Unis à faire entendre raison à leur allié, Israël. La rue arabe a son mot à dire et les Occidentaux le savent. C´est «Printemps palestinien», selon l´expression de Abou Mazen.