La détention de Ali Benhadj est devenue, au fil des années, l'un des sujets politiques de premier plan. Le n°2 de l'ex-FIS, emprisonné depuis plus de 10 ans, revient régulièrement sur le devant de la scène, de sorte que les deux camps antagonistes qui occupent le paysage politique national s'entredéchirent sur le sort que le pouvoir est censé lui réserver. L'absence de perspectives politiques claires, tant chez les éradicateurs qu'au sein de la famille des réconciliateurs, fait que d'un côté comme de l'autre, on semble faire un point de fixation sur la libération ou pas du leader du parti dissous. Certains observateurs n'hésitent pas à dire que la guéguerre politico-médiatique, traduit une panne dans le discours politique, après l'entrée en vigueur de la Concorde civile. Saluée par toute la classe politique, l'initiative présidentielle de septembre 99, a quelque peu mis à nu les limites du discours de l'ensemble du personnel politique national. Il y a lieu de noter, à cet effet, le manque flagrant d'imagination dans le sens d'une proposition concrète de sortie de crise. A ce propos, les réconciliateurs et autres ex-chefs de l'AIS soutiennent que la libération de Ali Benhadj, après l'élargissement de Abassi Madani, constitue une condition sine qua non au rétablissement de la paix dans le pays. Cela aurait été, à les croire, la continuité logique et naturelle à la loi sur la Concorde civile. Dans l'autre camp, même si l'on a soutenu le principe, la démarche est fortement critiquée. Les tenants de l'éradication accusent le pouvoir de dérive dans la gestion du dossier islamiste-terroriste. Ils estiment que le chef de l'Etat est allé trop loin dans les concessions, «ainsi ceux qui sont pleinement responsables de la tragédie nationale», disent-ils. Dans ce bras de fer autour de l'attitude du pouvoir vis-à-vis de la crise politico-sécuritaire que traverse le pays, il semble que le cas Benhadj est une sorte de ligne de front où les protagonistes sondent les véritables intentions du Président de la République au sujet de ce qu'il est permis de qualifier de plus célèbre prisonnier algérien. En attendant la date légale de sa libération, les personnalités partisanes, les «sources autorisées» et les anciens terroristes tentent d'occuper un tant soit peu la scène politique en l'absence d'un autre sujet «médiatisable». En fait, les tractations engagées entre le pouvoir et l'avocat de Benhadj sont censées intéresser le concerné en premier chef et non une faune politique en panne d'idées.