Au moment de l'interpellation de Ali Benhadj, il a été trouvé chez lui des documents «subversifs». Nouveau rebondissement dans l'affaire de l'incarcération de Ali Benhadj ex-n°2 du FIS dissous, en détention depuis le 27 juillet dernier à la prison d'El Harrach, à Alger. En effet, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales a fait des révélations fracassantes à ce sujet, hier, en marge de la cérémonie de sortie de promotion des de l'ordre public, à l'école de police d'Aïn Bénian. «Au moment de son interpellation, il a été trouvé au domicile d'Ali Benhadj des documents qui montraient que celui-ci voulait préparer des actes de violence», a déclaré sans ambages M.Noureddine Yazid Zerhouni. Ce dernier mettra en exergue, en outre, que «le traitement de l'affaire de Ali Benhadj est un cas particulier». Les propos de Zerhouni sont en relation avec la charte pour la paix et la réconciliation dont, vraisemblablement, Ali Benhadj ne bénéficie pas. Le ministre de l'Intérieur clot ainsi une polémique qui s'est largement nourrie de la campagne pour le projet de charte pour la paix et la réconciliation nationale. Relancé sur la question, le président de la République lui-même a clairement disqualifié le cas Benhadj. En effet, son emprisonnement, dont certains politiques ont fait leur cheval de bataille pour torpiller la réconciliation nationale, a été commenté par Bouteflika à partir de Béchar. Dans son discours, le chef de l'Etat a clairement dissocié les deux sujets, l'affaire Benhadj et la charte. Il était clair dans les propos du président de la République que l'outrage fait par Ali Benhadj au peuple algérien en «conseillant» les kidnappeurs des deux diplomates algériens en Irak, ne peut se «dissoudre» dans la démarche réconciliatrice prônée par le premier magistrat du pays. Une manière de dire que la réconciliation nationale n'est pas un fourre-tout. C'est d'abord, a expliqué le président de la République, un moyen politique et civilisationnel pour sortir toute une nation d'une crise complexe. Reprenant donc les thèses du chef de l'Etat, le ministre de l'Intérieur persiste et signe quant à la nature «subversive» des documents trouvés chez l'ex-n°2 de l'ex-FIS. Lesquels attestent, selon le ministre, de la volonté de Ali Benhadj de soutenir des actions terroristes destinées à nuire aux institutions de l'Etat et au peuple algérien. Est-il besoin de rappeler au passage que c'est ce même Benhadj qui avait déclaré publiquement la guerre à l'Etat algérien, au lendemain de l'annulation du processus électoral pour les législatives en janvier 1991. Et c'est également lui qui a fait transmettre au chef du GIA, Gousmi Cherif, une lettre où la charge «djihadiste» était plus qu'évidente. Toujours est-il que le retour en prison de Ali Benhadj, cette fois-ci au centre pénitencier d'El Harrach, a pour principaux motifs: apologie de crimes terroristes, incitation au meurtre et publication d'écrits faisant l'apologie du terrorisme. En effet, sept jours après le rapt des deux diplomates algériens lâchement assassinés en Irak, Ali Benhadj déclarait sur les ondes d'Al Jazeera: «En accréditant des ambassadeurs et des diplomates dans un pays sous occupation, l'Etat (algérien, ndlr) ne fait que légitimer cette occupation, ce qui est inacceptable sur le plan de la charia et de la politique.» Ali Benhadj, considéré comme l'un des islamistes radicaux les plus en vue de la mouvance salafiste, a aussi «salué» les ravisseurs des deux diplomates. «Ce sont, avait-il dit, des moudjahidine sur le sol de la résistance en Irak, que Dieu les aide à faire face avec fermeté et détermination à l'occupant spoliateur, à ses agents et à ses acolytes.» Conséquence de ces déclarations, Ali Benhadj a été interpellé par les services de sécurité. A cela il faudrait ajouter qu'Ali Benhadj âgé de 49 ans, a été auditionné le 7 août dernier par le juge instructeur du tribunal d'Hussein-Dey qui a décidé de son maintien sous mandat de dépôt. Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a aussi parlé de quelque 100 terroristes actifs qui écument encore les maquis algériens sur un total de quelque 800 à 1000 hommes présents encore dans les maquis. Le ministre a enfin révélé qu'au lendemain du référendum pour la paix et la réconciliation nationale, «un émir terroriste s'est rendu aux forces de l'ordre à Médéa», dira-t-il sans plus de détails.