L'invitation officielle, faite par le chef de l'Etat à la Coordination interwilayas du mouvement citoyen, à déposer la plate-forme de revendications d'El-Kseur auprès de son représentant, M.Benflis, a été enregistrée. Une réunion de la Cadc est prévue pour aujourd'hui, en vue d'arrêter la position que la wilaya de Tizi Ouzou défendra lors du conclave de jeudi prochain à Ath-Djennad. Les ârchs semblent vouloir se donner un peu de temps, avant d'y répondre. Certes l'atmosphère semble aller vers la détente. Une détente assez salvatrice après plus de cinq longs mois d'un bras de fer qui n'aurait même pas dû exister tellement les demandes des citoyens vont dans le prolongement de la volonté de l'Etat qui affirme, urbi et orbi, sa volonté de s'ancrer dans une vision démocratique. La tendance lourde, qui se dessine surtout dans la société, est celle de voir le mouvement saisir cette occasion et aller vers un dialogue serein, franc et responsable. Certains citoyens sont allés jusqu'à faire publiquement état de lassitude, et donnent cette nette impression de voir les «protagonistes» autour d'une table afin d'en finir avec cette lourde atmosphère qui, en définitive, ne travaille ni pour le pays ni pour la région. Cependant, et tous les citoyens approchés le réaffirment: «Il n'est pas question d'en finir à n'importe quel prix!». Beaucoup de pleurs, de peines et surtout trop de sang a coulé pour dire, avec aplomb: «Tournons la page et regardons vers l'avenir!». Avec ses mots de tous les jours, un quinquagénaire et qui, comme il le précise, «a connu les diverses étapes post-indépendance», explique qu'«il est temps que le pays officiel donne la main au pays réel». Et d'ajouter: «Il faut bien que les choses changent et que le citoyen aille vers plus de liberté!». Un autre citoyen, proche d'un parti politique, intervient pour déclarer: «Vivement que ce problème soit réglé et que la politique reprenne toute sa place. Pour l'heure, les formations politiques sont «accaparées» par les événements qu'a vécus la région et par tout ce qui en découle...». Au niveau des délégués de la CADC, les avis recueillis à chaud sont au moins contradictoires. Afin d'unifier les visions, une réunion extraordinaire est prévue pour aujourd'hui. La CADC n'ayant en principe, comme thème unique que l'examen de «l'offre» présidentielle. En cas d'impossibilité d'établir un consensus, le retour à la base est envisagé. Toujours est-il que la décision ne sera visible qu'après le conclave de l'interwilayas de jeudi prochain à Ath-Djennad (Azazga). Selon un délégué, qui a tenu à préciser qu'il livre son sentiment de citoyen, «dans la forme, il n'y a aucun inconvénient à déposer la plate-forme d'El-Kseur auprès du Chef du gouvernement qui, pour la circonstance, est le représentant du chef de l'Etat. Quant au fond, à savoir la satisfaction des revendications, nous sommes déterminés à poursuivre la lutte, s'il y a lieu. Il est clair, qu'un changement dans la gestion des affaires de la cité est inévitable... Les solutions qu'aura à préconiser le pouvoir se devront d'être à la hauteur des attentes citoyennes. Le chef de l'Etat qui reconnaît la légitimité des revendications du mouvement doit montrer sa bonne volonté en les satisfaisant...» En somme, le mouvement citoyen vit une sorte de veillée d'armes en attendant la réunion de l'interwilayas jeudi, où tout se décidera. En attendant, les choses semblent, de loin, rester en l'état, la marche du 5 octobre occupant les délégués... en attendant Ath-Djennad.