Deux mois après l'appel du Chef du gouvernement invitant au dialogue, le mouvement n'arrive pas à donner une réponse officielle et définitive. On a appris, hier, que des délégués parmi les plus connus du mouvement, à savoir Ali Gherbi et Belaïd Abrika, ont décidé de geler leurs activités au sein de leurs coordinations respectives. Trois semaines après l'invitation de Bouteflika, la confusion est totale. Comment en est-on arrivé là ? Il y a quelques semaines, Ouyahia lançait un appel aux délégués “authentiques” du mouvement citoyen, en les invitant à l'ouverture d'un dialogue sur les revendications contenues dans la plate-forme d'El-Kseur et la possibilité de leur mise en œuvre. Ouyahia avait fait les éloges du mouvement devant les élus du peuple à l'APN et avait même défié, séance tenante, les présents de dire le contraire. Et ce, en direct, devant les caméras de l'Entv. Les archs et toute l'opinion publique qui leur est favorable ont accueilli l'invitation comme une réelle volonté du pouvoir à satisfaire les revendications portées dans leur document de référence. Mais, en réaction à cette invitation, le mouvement citoyen a exigé une déclaration et un engagement du plus haut magistrat du pays. Quelque temps après, le président de la République, à partir de la wilaya de Sétif, où il effectuait une visite dans le cadre de sa tournée nationale, sortait effectivement de sa réserve. Mais dans sa déclaration, le premier magistrat du pays disloquait le consensus pour le dialogue qui commençait à se dessiner après l'appel de Ouyahia. Le chef de l'Etat affichait des préjugés exprimés sous forme de conditions. Il laissait entendre que certains points de la plate-forme pouvaient porter atteinte à l'unité nationale et à l'intégrité du peuple algérien. Cette sortie du chef de l'Etat a semé le doute au sein du mouvement citoyen quant à sa bonne volonté de se pencher sur la question. Aujourd'hui, le mouvement citoyen accuse une lenteur à faire connaître sa réponse. La CADC de Tizi Ouzou, après plusieurs rencontres, n'est pas parvenue à formuler une position qui fasse consensus. Le dernier conclave extraordinaire, tenu, avant-hier, à Tizi Rached, n'a rien donné et aucune décision n'a été retenue. Deux tendances peinent à converger. La première campe sur le refus de dialoguer sans avoir obtenu, au préalable, les garanties pour la satisfaction entière de la plate-forme d'El-kseur, quelles que soient les conséquences. La seconde propose au mouvement de faire un premier pas en restant très vigilante et, le cas échéant, de quitter la table des négociations et de dénoncer le pouvoir s'il tentait de faire des manœuvres. Cela, en insistant sur le caractère scellé et non-négociable de la plate-forme. Dans la wilaya de Bouira, la situation ne semble pas évoluer au sein de la CCCWB. Des différends organisationnels sont apparus après le conclave tenu à El-Esnam, en présence de quinze comités. Quatre d'entre eux se sont retirés en raison des “dépassements” de certains délégués, arguaient-ils. Ils leur reprochaient d'êtres manipulés par des émissaires de Ouyahia. Ce retrait avait provoqué la scission du mouvement. Ce qui avait conduit à la tenue de deux conclaves, l'un à Taghzout et l'autre à M'chedallah. À l'issue de leurs travaux, ces deux parties ont décidé de tenir la rencontre de l'Interwilayas, chacune de son côté et sans réconciliation, malgré l'appel, lors des interventions de quelques délégués, à l'unification. Une partie, appelée maintenant groupe de M'chedellah, est favorable au dialogue. L'autre l'accuse de trahir la mémoire des martyrs. Néanmoins, un appel est lancé aux “dissidents” à participer à un conclave qui sera organisé à Ath-Laâziz et ce, pour tenter de dénouer la crise et de préparer l'Interwilayas qui se tiendra les 7 et 8 août au CEM Amrouche-Mouloud, de M'chedellah. Vont-ils se présenter ? Pour le moment, la CCCWB ne semble pas prête à se prononcer d'une seule voix. La réponse à l'invitation du pouvoir, si elle doit lui parvenir dans ce contexte, risquera de ne pas être consensuelle. À Béjaïa, la CICB semble réunir en son sein un plus grand consensus. Quelques coordinations communales ont durci le ton après la déclaration du chef de l'Etat, par rapport à la “phrase” relative aux points qui pourraient porter atteinte à l'intégrité du territoire national et à l'unité du peuple. Les différents délégués se sont focalisés sur cette déclaration, en lui affirmant le caractère national du mouvement citoyen et son projet de société que représente la plate-forme d'El-Kseur. Il ressort des différentes rencontres une grande tendance au dialogue, sauf les délégations d'Akbou et d'Amizour qui refusent de cautionner ce dialogue et qui campent sur le préalable de la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur sans condition. M. B. Bélaïd Abrika gèle ses activités Le délégué des Genêts, Belaïd Abrika, a gelé, depuis avant-hier, ses activités au sein de la CADC. C'est à la fin du conclave, tenu lundi à Tizi Rached, qu'il a annoncé cette décision. Une décision dont il n'avait pas souhaité faire état devant les journalistes et dont il a réservé l'annonce à ses seuls pairs délégués présents à cette réunion. Abrika qui se refusait, hier, à tout commentaire avait déclaré qu'il ne reconnaît plus la CADC depuis sa sortie de prison, et que cette coordination devra “redevenir ce qu'elle était”, sinon, il gèlerait ses activités en son sein, tout en restant militant du mouvement citoyen. Affaire à suivre. R. N.