Des dates marquantes réglant le rythme de vie de l'Algérie indépendante, il y en a eu et il y en aura sans doute encore. Mais retenons les principales de cette dernière décennie comme le 3 août 1991 marquant la dissolution de l'APN dont l'ancien chef d'Etat, Chadli Bendjedid s'était abstenu (?) de révéler le fait aux Algériens ! Puis il y a eu le 11 janvier 1992, un jour sinistre pour lui parce qu'il fut de révéler, d'expliquer le mutisme monacal qu'il a observé pour ne pas -révéler- l'événement. Le 12 janvier 1992 arrive la date charnière marquant d'une part, la démission largement controversée en son temps du président Chadli Bendjedid et, d'autre part, l'inauguration d'un processus de démocratisation du pays dans un fracas de résonances et de sensibilités concurrentes. Chadli parti, le vide politique laissé par l'APN -dissoute- pose problème. Conséquence, au pied levé, le Conseil national de la sécurité, organe consultatif par excellence, prend le relais comme organe exécutif doté “ex nihilo” de prérogatives spéciales par lesquelles il décide la création du HCE (Haut comité d'Etat) que présidera jusqu'à son assassinat Mohamed Boudiaf. Voilà pour l'évocation. Dans les faits et malgré les convulsions d'un régime né dans l'enthousiasme surdopé d'un panarabisme voué entièrement à la surenchère politique sous Gamal Abdel-Nasser, le régime qui succédera à celui du 19 juin 1965 qu'incarnait Chadli Bendjedid, sous la poussée d'une société civile en gestation, aura le mérite d'ouvrir la voie au pluralisme politique qui, par définition, va encourager les candidats civils à se présenter à toutes les instances de l'Etat, y compris la présidence de la République. La naissance du HCE inaugure, en effet, cette tendance par la désignation de Boudiaf qu'on est allé chercher au Maroc. Mort d'une façon aussi foudroyante que cruelle, la disparition de Boudiaf jette un froid dans le landerneau politique. Mais c'est surtout au sein de la technostructure militaire qui, par réflexe ou par habitude, avance l'un de ses pions à la fin du mandat du HCE qui remplacera au pied levé Ali Kafi, en tant que président d'Etat non élu. Le candidat désigné se nomme Liamine Zeroual, Mais comme l'élection présidentielle était fixée au mois d'avril 1995, Liamine Zeroual, dont des voix multiples s'étaient pourtant répandues en rumeurs pour faire croire qu'il ne se présenterait pas à la présidentielle projetée, il se présentera quand-même. L'erreur étant humaine même en toutes occasions, elle a permis cette fois à des hommes comme Abdelhak Benhamouda, ex-SG de l'Ugta de caresser l'idée de se présenter à la présidentielle de 1995. C'était avant que le candidat de l'armée ne se décide à s'engager dans la compétition. Liamine Zeroual, qui usa dans l'intervalle un temps précieux à bien se préparer, après un suspense qui dura plus d'un mois et demi, dut finalement céder aux encouragements de ses amis. Une dépêche de l'APS confirmera peu après sa résolution laquelle, sans avertissement préalable, jeta pour le moins un froid au sein de la classe politique. Par l'armée qui s'était retirée de toutes les instances politiques, prenait-elle une option pour un retour probatoire au régime du 19 juin 1965? Beaucoup l'ont cru. Mais il n'en sera rien! Car habitué à faire perdurer le suspense, 100 mois avant que ne s'achève son premier mandat de président élu, Liamine Zeroual crée de nouveau la surprise en annonçant l'organisation anticipée d'un scrutin présidentiel qui permettra à Abdelaziz Bouteflika de se faire élire avec un bon pourcentage de voix en 1999. Pourquoi Zeroual avait-il anticipé? Il répondra personnellement à cette question au mois de mai 2002 lors de la campagne des législatives. C'est - pour encourager l'alternance..-, dira-t-il.