Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a rappelé, hier, à Jénine la nécessité d'un Etat palestinien tout en estimant peu probable un accord en ce sens d'ici la fin de l'année. “Nous étions supposés disposer d'un document, pas d'un résultat définitif mais de quelque chose, avant la fin de l'année, et nous savons tous à présent que cela prendra un peu plus de temps”, a affirmé M. Kouchner à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre palestinien Salam Fayyad. “Il est important d'aller de l'avant sur la même voie. Je ne sais pas si nous verrons un Etat palestinien avant la fin de l'année, mais je sais que cet Etat est absolument nécessaire, c'est une clef indispensable. Nous avons besoin d'un tel Etat”, a-t-il affirmé. Selon lui, “un Etat palestinien indépendant et démocratique sera le garant de la sécurité d'Israël”. Qualifiant M. Kouchner d'“ami du peuple palestinien”, M. Fayyad a salué “la position très en pointe de la France au sein de l'Union européenne”, dont elle assume actuellement la présidence tournante. M. Kouchner a entamé hier une visite en Cisjordanie et en Israël destinée à plaider pour le maintien des efforts de paix, dans un contexte d'incertitudes politiques en Israël et aux Etats-Unis. Les flottements liés à l'élection américaine et aux turbulences politiques israéliennes, où la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni tente de former un cabinet “font que nous sommes dans un trou d'air” sur ce dossier, reconnaît un haut diplomate français. Impliqué dans des scandales de corruption, le Premier ministre israélien Ehud Olmert est démissionnaire et Mme Livni, lui a succédé à la tête du parti centriste Kadima. Arrivé vendredi soir dans la région, M. Kouchner a visité hier matin Jénine en compagnie de M. Fayyad pour rendre hommage aux efforts de l'Autorité palestinienne visant à instaurer la sécurité sur place. Il devait rencontrer en soirée le président palestinien Mahmoud Abbas à Ramallah. Sa visite s'inscrit dans la foulée de la réunion du Quartette (Etats-Unis, Russie, ONU, UE) la semaine dernière à New York, qui a appelé les deux camps à “déployer tous les efforts nécessaires” pour un accord de paix avant la fin de l'année. Selon un haut diplomate français, M. Kouchner doit notamment insister auprès de l'Etat hébreu pour qu'il allège les restrictions aux déplacements dans les Territoires palestiniens, qui asphyxient l'économie locale. Il entend également mettre l'accent auprès de ses interlocuteurs israéliens sur le gel de la colonisation juive en Cisjordanie. M. Kouchner compte également faire le point sur le suivi de la conférence de Paris sur l'aide aux Palestiniens, à la suite de laquelle plus d'1,4 milliard de dollars d'aide budgétaire directe ont été versés à ce stade à l'Autorité palestinienne, selon les chiffres fournis par Paris. Cette conférence, qui s'était tenue en décembre, avait débouché sur des promesses d'aide budgétaire et d'aide à des projets de développement pour un montant de total 7,7 milliards de dollars en trois ans. M. Kouchner souhaite aussi faire avancer la réflexion des 27 sur leur coopération avec la future administration américaine qui sortira du duel électoral entre le républicain John McCain et le démocrate Barack Obama. R. I./Agences