N'ayant pas reçu d'excuses de Berne dans l'affaire de son fils Hannibal, qui avait été brièvement détenu à Genève à la suite d'une plainte pour mauvais traitements de deux anciens domestiques, le colonel Kadhafi passe à l'étape des représailles contre la confédération helvétique. Guère satisfaite du traitement de l'affaire du fils du leader de la révolution libyenne, Hannibal Kadhafi, par la justice suisse, Tripoli n'a pas tardé à punir Berne en retirant tous ses avoirs dans les banques suisses et en arrêtant définitivement les livraisons de pétrole à la confédération helvétique. La Libye, qui avait déjà brandi la menace, sans la mettre à exécution, de ne plus livrer de pétrole à la Suisse au lendemain de la libération sous caution de Hannibal et son épouse, est donc passée à l'acte. Dans un communiqué rendu public dans la nuit de jeudi à vendredi l'agence officielle libyenne Jana a annoncé : “La Grande Jamahiriya a décidé d'arrêter l'approvisionnement de la Suisse en pétrole brut et le retrait des avoirs libyens dans les banques suisses, qui s'élèvent à 7 milliards de dollars.” La même source à indiqué qu'il a été décidé “également l'arrêt de tous les aspects de la coopération économique avec la Suisse”, en protestation, selon Jana, contre les “mauvais traitements” infligés “à des diplomates et des hommes d'affaires libyens de la part de la police genevoise”. Il est clairement fait allusion à l'arrestation à Genève de Hannibal Kadhafi et son épouse Aline à la suite d'une plainte pour mauvais traitements de deux anciens domestiques. Citant une source responsable auprès du ministère libyen des affaires étrangères, l'agence de presse officielle affirme que ces mesures seront levées “quand les raisons et les motivations de ces pratiques seront connues”. Pourtant, au début du mois de septembre, la crise semblait en voie d'apaisement après un mois et demi de tensions, suite au retrait de la plainte des deux domestiques, une Tunisienne et un Marocain, qui ont finalement été indemnisés, ce qui a permis de classer le dossier judiciaire, comme le demandait la Libye. Toutefois, la Libye exigeait en plus de l'abandon des poursuites des excuses, vœu que Berne n'a pas exaucé, d'où l'ire de Kadhafi. Par ailleurs, les liaisons aériennes entre les deux pays ont été ainsi réduites, alors que les entreprises suisses en Libye ont reçu un ordre de fermeture. En outre, l'octroi des visas aux ressortissants suisses a été suspendu et les bureaux des groupes helvétique Nestlé et helvético-suédois ABB en Libye ont été fermés. Devant ces développements, le ministère suisse des Affaires étrangères n'a cessé de déconseiller depuis le début de la crise aux citoyens suisses de se rendre en Libye. Il a déploré sur son site internet, que “les autorités libyennes réagissent avec diverses mesures à l'encontre des personnes de nationalité suisse et des entreprises suisses établies en Libye, comme, par exemple, l'arrestation de citoyens suisses ou l'entrave aux activités commerciales”. Il y a lieu de noter qu'au titre de représailles toujours, Tripoli continue d'empêcher deux ressortissants suisses de quitter la Libye. Enfin, Hannibal Kadhafi n'en est pas à ses premières frasques en Europe. Il a déjà été poursuivi à Paris pour violences sur sa compagne en 2005 et interpellé en 2004 pour avoir dévalé les Champs-Elysées à 140 km/h au volant de sa Porsche. Merzak T.