Le couvert végétal des monts de l'Edough d'Annaba fait l'objet, depuis plusieurs années, d'un massacre systématique et continu, notamment au niveau de certains versants. Cette dégradation inexorable a eu un effet néfaste sur les cités situées à la lisière de l'Edough, où l'on registre à chaque pluie des tonnes de boue qui se déversent dans les rues. Si l'on s'en tient uniquement à l'histoire de la région, la chaîne de l'Edough d'Annaba disposait d'une immense richesse naturelle de la faune et de la flore. Le lion et la panthère ont vécu dans les forêts des monts de l'Edough avant de disparaître. Des récits d'époque rapportent que des chasseurs de fauves ont fait légion dans ces gigantesques monts, à l'image d'un certain Georges Portelli qui écuma les forêts de l'oued Soudan et de l'Edough où les panthères pullulaient encore (…). “Il n'était pas rare à ce moment-là de trouver un beau morceau de panthère que l'on dégustait avec délice presque, alors que ce n'était qu'une chair âpre et coriace, dont la seule odeur de fauve aurait dû écarter n'importe que gourmet”, poursuit le narrateur. Bien avant le déclenchement de la lutte armée de libération, en novembre 1954, l'Edough constituait le principal refuge des hommes qui n'admettaient pas la présence coloniale en Algérie. Trente ans après l'Indépendance, ce sont les islamistes armés qui investissement les lieux plus d'une décennie durant, avant que les djounoud de l'Armée nationale populaire les en déloge, en 2006 avec un lourd bilan macabre. L'Edough avait été, au même titre que les monts de Beni Salah, Djurdjura, des Aurès et du massif de Collo, la cible d'une agression écologique pratiquée par le corps expéditionnaire français dans le cadre de la politique de la terre brûlée. Mais, c'est précisément depuis les années 1990, autrement dit, l'occupation de cette chaîne par les intégristes armés, qu'un sévère coup fut porté à la faune et la flore. Depuis, l'Edough a perdu son couvert végétal et voit ses flancs, notamment surplombant la ville de Annaba et sa périphérie, s'appauvrir et se décharner au fil des ans. Les jardins potagers qui fleurissaient autrefois sur ses flancs ont laissé place à des espaces de terre dont l'état actuel est des plus propices à l'érosion sous toutes ses formes. Cette absence de verdure ceinturant l'Edough entraîne inexorablement la disparition du microclimat de la région de Annaba. Le couvert végétal qui assurait la fixation des terres a disparu de nos jours. Les eaux des pluies font leur œuvre, déversant des tonnes de boue qui viennent inonder les quartiers de la ville particulièrement ceux de l'Elisa, de l'Orangerie et de la plaine Ouest. Et c'est pratiquement impossible de fixer l'ampleur des dégâts qu'occasionnent les pluies qui râpent le sol et polissent les flancs de l'Edough. Pour l'heure, la pluie est plus que souhaitée, et il ne s'agit pas ici de traiter de l'absence ou de l'abondance des pluies mais beaucoup plus de réhabiliter les flancs de l'Edough avec une culture maraîchère. Il ne suffit pas d'attendre le printemps pour produire des fraises. Pourtant la floriculture ouvre un large espace à son développement et partant constitue une source pour de multiples emplois. Beaucoup d'experts à Annaba estiment qu'un des créneaux de l'emploi des jeunes peut être orienté vers la renaissance du couvert végétal de l'Edough afin qu'il puisse être fonctionnel au plan de son exploitation et rentable au plan de sa production, toutes cultures confondues. Aussi, la splendeur de l'Edough ne peut en aucun cas être rétablie à travers la masse de béton qui envahie tel un métastase des flancs réputés pour leur verdure. B. BADIS