À chaque sommet, la question revient : l'Organisation internationale de la francophonie, ça sert à quoi ? Et elle se pose aussi pour sa XIIe édition qui se tient demain à Québec (Canada). Les Canadiens eux-mêmes s'interrogent sur le sommet qu'ils accueillent. Ils étaient plus préoccupés par leur scrutin fédéral, lequel, par ailleurs, a reconduit les conservateurs au pouvoir et peu intéressés par la francophonie pour ne pas dire suspicieux à l'égard de la communauté francophone jugée indépendantiste. L'agenda du sommet n'étant pas clair, ses organisateurs ont été satisfaits par le dossier de la crise financière internationale dont ils se sont emparés et inscrits à l'ordre du jour de leur sommet. Un politologue canadien, Jean-François Lisée, qui fut conseiller des anciens Premiers ministres canadiens, Jacques Parizeau et Lucien Bouchard, a mis ses pieds dans le plat en expliquant à la presse canadienne que les politiciens avaient d'autres chats à fouetter, laissant les fonctionnaires prendre en charge ce rendez-vous. D'ailleurs, Nicolas Sarkozy, le président français, complètement accaparé par la crise financière internationale, a lui aussi bien d'autres choses en tête que la francophonie. Il sera au Québec juste pour la symbolique. Un chroniqueur canadien s'est même avancé pour dire que le président français “n'a probablement pas encore lu ses carnets de notes à ce sujet, il le fera sans doute dans l'avion” qui le transportera au Canada ! Sarkozy, à titre de président de l'Union européenne, est, en effet, plus accaparé par le processus de mise en branle de négociations d'un accord de libre-échange avec le Canada, par la signature d'une entente sur la mobilité de la main-d'œuvre avec le Québec ou par le discours qu'il doit prononcer à l'Assemblée nationale du Québec que par le sommet de la francophonie. Paroles d'une ancienne ministre canadienne, militante de la francophonie. Sarkozy sera absent de la plénière de dimanche qui abordera l'avenir de la langue française, selon son agenda, il devrait normalement retourner à Paris samedi soir. Il reste que le sommet devra épuiser son ordre du jour, tout de même assez intéressant : l'environnement, la crise alimentaire, la gouvernance économique et, bien sûr, la crise financière internationale. Des thèmes d'actualité mais qui risquent de ne pas déboucher sur des actions concrètes. En réalité, la francophonie bat de l'aile depuis longtemps, même en y intégrant en son sein des pays qui ont en partage le français en partage mais dont l'usage, à l'image de l'Algérie, est réduit à sa portion congrue. Le message lancé par le secrétaire général de la francophonie, Abdou Diouf, qui invite les pays membres à assurer “la vitalité du français”, ne sera pas réglé à Québec. L'ex-président du Sénégal voit grand ! Actuellement, l'Organisation mondiale de la francophonie compte cinquante-cinq Etats membres et treize autres ont le statut d'observateur. C'est le second sommet de la francophonie à se tenir à Québec. Le premier avait eu lieu en 1987. D. B.