Rachid, Youssef et Hamid ont été condamnés à la peine de trois ans de prison ferme assortie d'une amende de cinq millions de centimes chacun pour offense au Prophète et harcèlement téléphonique. Encore une fois, la justice remet au goût du jour la “chasse” aux Algériens convertis au christianisme. C'est du moins ce qui se confirme à l'issue du procès qui a eu lieu, hier, au tribunal correctionnel de Aïn Turck relevant de la cour de justice d'Oran, qui a vu comparaître, après opposition à un jugement par défaut datant du 27 janvier dernier, à l'issue duquel Rachid, Youssef et Hamid ont été condamnés à la peine de trois ans de prison ferme assortie d'une amende de cinq millions de centimes chacun pour offense au Prophète et harcèlement téléphonique envers C. L., un transfuge de ce même culte. Lors du procès, les accusés avaient nié tout en bloc quant aux griefs qui leur sont reprochés, à savoir, comme a déclaré par le plaignant, offense au Prophète et harcèlement par voie de téléphone. Ces derniers n'ont fait que réitérer toute la bonne foi dont ils faisaient montre en prenant en charge, alors qu'il déambulait dans les ténèbres de l'échec et l'oisiveté, ce jeune qui, pour des raisons absurdes, avait décidé de les traîner devant le tribunal. “Notre éducation et la foi que nous avons en Dieu ne nous permettent pas de faire du mal sinon que du bien que nous prônons à jamais”, déclarait Rachid qui ne comprenait pas quelle mouche avait piqué ce jeune, pourtant pris en charge en lui offrant gîte, nourriture, habillement et éducation et ce, depuis l'année 2003, après son échec au baccalauréat et sa dépression sociale. Cependant, après un long débat, l'avocate de la partie civile devait entamer ses plaidoiries en s'en tenant sans relâche aux citoyens convertis au christianisme. “Je suis vraiment navrée de voir ces gens profiter de l'innocence des jeunes pour les entraîner dans une voie autre que celle qui nous est dictée”, affirmait-elle en portant un doigt plus qu'accusateur à l'endroit de ces trois prévenus. Confirmant d'elle-même, à tort ou à raison, les délits reprochés aux trois chrétiens, cette dernière est allée plus loin en précisant que ces gens n'ont fait que montrer leur contrariété de voir un jour son client se rétracter et se retirer de la voie du Christ pour le porter au diable en ne cessant de l'intimider au téléphone. Après quoi, le représentant du ministère public devait, sans plus, prendre pour argent comptant les déclarations de C. L. avant de confirmer la même peine de trois ans de prison ferme et une amende de 5 millions de centimes à l'encontre des trois accusés. S'agissant de la défense représentée par Me Benbelkacem, tout ce qui émaille cette affaire ne relève que de la pure répression à la citoyenneté et au droit de culte dans notre pays. “C'est devenu une tradition chez nous d'inventer une histoire d'atteinte à l'Islam ou au Prophète à chaque fois qu'on a envie d'offusquer une quelconque autre religion”, disait-il avant d'enchaîner : “Nous sommes dans un tribunal délictuel qui est sommé de traiter du dossier en se basant sur des preuves tangibles et concrètes, ce qui n'est malheureusement pas le cas puisque l'on a tenu uniquement compte de ce qu'avait déclaré le plaignant qui devait, au contraire, être accusé pour avoir osé porter un chapeau aussi lourd et ingrat à mes clients qui n'ont que le seul péché d'avoir un jour fait du bien sans se douter du revers auquel nous faisons face aujourd'hui.” Toutefois, répondant à une expression pour le moins insensée de l'avocate de la partie civile qui disait que “C. L. est Algérien et libre de pratiquer en toute quiétude la religion musulmane”, Me Benbelkacem, dans un élan d'une extrême sincérité, affirmera que Rachid, Hamid et Youssef sont aussi fiers de leur algériannité et libres de se confesser dans la religion qu'ils ont choisie. Par ailleurs, le verdict final de ce procès est attendu pour la fin de la semaine prochaine. R. SALEM