Interrogée en marge d'une conférence de presse sur la préparation d'une réunion des ministres de la Culture africains à Alger (22-23 octobre), Khalida Toumi s'est exprimée sur la censure de Journal d'un homme libre, livre à paraître du journaliste et ancien directeur du Matin, Mohamed Benchicou. Elle assume la décision de bloquer l'impression de ce livre. “En tant que ministre de la Culture, j'ai lu cet ouvrage et j'ai pris la décision d'empêcher son impression en Algérie”, a affirmé Khalida Toumi, après avoir rappelé les droits et libertés prévus par la Constitution qui “garantit la protection de l'honneur des citoyens” et les articles du code pénal qui condamnent les atteintes aux valeurs de la Révolution, à l'honneur du chef de l'Etat et celui des fonctionnaires des corps constitués. “Ce n'est pas M. Benchicou qui est interdit, c'est son livre”, insiste la ministre. Ce n'est pas l'individu, c'est ce livre dont l'impression et la diffusion sont interdites en Algérie. Selon elle, dans cet ouvrage, des personnes sont accusées sans preuve, des moudjahidine de la Révolution sont assimilés à leurs tortionnaires coloniaux et l'auteur y tiendrait… des propos antisémites. “Comme vous le savez, pour ce genre de délits, la loi algérienne prévoit des peines allant jusqu'à deux ans de prison. Et la loi est au-dessus de tous”, assure Khalida Toumi. La ministre conclut par une curieuse apostrophe à la presse : “Par ma décision, je vous suggère de penser que, peut-être, j'aurais évité à M. Benchicou de retourner en prison. Et j'assume cette décision.” Pour sa part, le porte-parole du gouvernement, dans son point de presse hebdomadaire, a estimé qu'il n'y a pas de censure, précisant que cette affaire “concerne des procédures réglementaires au niveau local, ni plus, ni moins”. R. N.