La valorisation de la culture africaine dans toutes ses diversités revient en force et l'Algérie est plus que jamais impliquée dans cette symbolique cruciale de promotion de l'interculturalité. Et pour cause, c'est aujourd'hui que s'ouvre, à Alger, la seconde réunion des ministres africains de la Culture de l'Union africaine (UA) qui se poursuivra jusqu'à demain. 33 ministres se réunissent donc dès ce matin à l'hôtel Hilton pour dialoguer et construire les premières bases de l'harmonisation des politiques culturelles en Afrique. Pour démontrer sa détermination à promouvoir le patrimoine africain, l'Algérie a mis le paquet cette semaine à travers diverses manifestations hautes en couleur africaines, dont l'importante participation africaine au Festival de la BD qui s'est tenu dernièrement dans la capitale mais aussi l'hommage au Fespaco (Festival panafricain du cinéma d'Ouagadougou) lancé mardi dernier. Mais l'espoir de voir véritablement les cultures africaines devenir «des leviers» du développement durable dans le continent vient beaucoup plus de l'annonce faite il y a quelques jours de la création d'un musée et d'un institut panafricains culturels mais aussi d'autres projets impliquant plusieurs associations et institutions africaines. C'est lors des travaux et des tables rondes qui ont déjà commencé à rythmer les échanges africains dans la capitale depuis vendredi dernier que ces projets se sont précisés et conceptualisés. Et les prémices de ces envies de rendre l'interculturalité tangible sur le continent se ressentiront certainement lors de la tenue du second Festival panafricain en 2009 à Alger, après 40 ans d'absence. «L'Algérie s'est toujours impliquée dans la libération des peuples africains opprimés, et elle affirme d'autant plus sa proximité avec les autres pays du continent à travers la tenue, en juillet prochain, du second Festival panafricain auquel un budget de plus de 5 milliards de dinars a été alloué.» C'est ce qu'a précisé la ministre de la Culture algérienne Khalida Toumi hier lors d'une conférence de presse animée au palais de la Culture en présence de la responsable de la culture et des affaires sociales de l'UA, Benas Kafanaz. Cette dernière a, de son côté, tenu à souligner l'importance de la tenue de cette seconde réunion à Alger, capitale «où se croisent plusieurs cultures», pour l'affirmation de l'identité africaine longtemps réduite au mutisme et à l'aliénation. F. B. Khalida Toumi explique la censure du dernier livre de Mohamed Benchicou En marge de la conférence tenue hier à l'occasion de la seconde réunion des ministres de la Culture de l'UA, la ministre de la Culture est revenue sur la censure du dernier livre de Mohamed Benchicou, Journal d'un homme libre, qui a été bloqué à l'imprimerie par la police. Sans équivoque et avec intransigeance, Khalida Toumi a levé le voile sur la question. «J'ai lu le livre de Mohamed Benchicou et j'ai décidé d'empêcher son impression. Je me suis référée à la Constitution qui protège les libertés individuelles et au code pénal dans les articles 144 et 296 qui interdisent et sanctionnent les atteintes à la révolution algérienne et l'offense et l'outrage au président de la République. Des personnes représentant des institutions ont été accusées sans preuves de vol, dont moi-même. Le ministre de l'Intérieur a été assimilé au général Massu et cela est injuste, infamant et inadmissible. La banalisation des crimes coloniaux est inacceptable, d'autant plus que ce livre est empreint d'antisémitisme.» Elle a, pour finir, suggéré que cette censure pouvait être considérée comme bénéfique pour le directeur du quotidien suspendu le Matin étant donné qu'elle lui évitait deux autres années à passer en prison.