Dans cette crise financière mondiale, l'Algérie peut être une alternative à des investissements rentables, telle est la perception des investisseurs internationaux présents à ce forum d'affaires. “La rencontre sur les opportunités d'investissement en Algérie qui s'est tenue vendredi à Londres a été organisée par LMS London Magnetsociety, une association qui regroupe des dizaines de Maghrébins — qui exercent au sein des grandes banques d'affaires de la City, la place financière de Londres, des Algériens, des Tunisiens et des Marocains, des polytechniciens qui sont tous top managers au sein de ces grandes sociétés — qui ont décidé de créer un réseau pour s'entraider et pour promouvoir les opportunités d'affaires et d'investissement de la zone Maghreb. Les précédentes ont porté sur le Maroc et la Tunisie. C'est la première fois que l'association organise une rencontre sur les opportunités d'investissement en Algérie”, a-t-on appris auprès d'un participant à ce forum d'affaires. L'auditoire était constitué de représentants de 30 Fonds d'investissement et de 15 entreprises implantées en Algérie. Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise, est intervenu en premier au cours de la matinée pour mettre en avant que les choses évoluent en Algérie. “Il y a certes des difficultés (contraintes à l'investissement comme le foncier) mais il y a beaucoup d'argent à gagner en Algérie”, a-t-il résumé. Sur les évolutions attendues du cadre de l'investissement, le ratio 51/49 s'applique pour les partenariats public/privé, a-t-il souligné. Le secteur privé n'est pas concerné (pas d'obligation de ratio pour les partenariats privé-privé ou pour l'ouverture du capital d'une société privée). Issad Rebrab, président-directeur général de Cevital, la première entreprise privée en Algérie, a présenté ensuite l'expérience d'une réussite : l'ascension de son entreprise. Il a démontré qu'on pouvait construire un grand groupe en Algérie. D'un chiffre d'affaires modeste au départ, Cevital est parvenu à travers une progression annuelle significative à réaliser un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars l'année dernière. Le P-DG de Cevital a présenté, par ailleurs, le projet Cap Djinet 2015. Ce méga-projet a beaucoup intéressé les investisseurs. Issad Rebrab a ajouté qu'il a sollicité les autorisations des pouvoirs publics et qu'il attendait leur réponse. Il a cité le géant Rio Tinto Alcan parmi les grands groupes intéressés par ce méga-projet. Les investisseurs présents à la rencontre ont découvert un groupe qui se structure de manière moderne (société holding, procédures de planification, procédures de gestion moderne) et qui donne une image de modernité du secteur privé. Rachid Sekak, le directeur général de HSBC Algérie, dans une présentation du secteur bancaire algérien, a montré, lui, à travers les fondamentaux macroéconomiques : le PIB du pays, les flux internationaux liés au commerce extérieur, le programme de modernisation des infrastructures doté d'une enveloppe de 150 milliards de dollars et des réserves de change à 136 milliards de dollars que l'Algérie affiche un meilleur potentiel économique par rapport aux pays voisins. Concernant le système bancaire algérien, il observe une prédominance du secteur public (85% des dépôts, 85% des prêts). L'orateur a souligné, par ailleurs, que les investissements des banques étrangères en Algérie, le rassemblement de grands groupes ou la présence des plus grandes banques ne se trouvent nulle part ailleurs dans la région (Citi Bank, HSBC, BNP Paribas). Il a relevé, cependant, des contraintes dans la gouvernance des banques publiques, mais aussi les progrès réalisés en termes de supervision bancaire et en termes de système de paiement. “Il y a des ressources humaines de qualité en Algérie”, constate-t-il. Akli Brihi, responsable à BP Algérie, a également souligné le potentiel énorme en Algérie, représenté notamment par les ressources en gaz et les relations étroites avec l'Europe via les contrats d'approvisionnement et les gazoducs transméditerranéens (2 opérationnels, 1 en cours de réalisation, 1 en projet). L'après-midi du vendredi a été consacré aux contacts individuels avec les investisseurs. Ces derniers ont demandé comment on peut investir en Algérie sans qu'il y ait encore un marché boursier sophistiqué. La plupart des investisseurs se sont intéressés à trois secteurs en Algérie : les télécommunications, les biens de consommation et la pharmacie. Enfin, dans cette crise financière mondiale, l'Algérie peut être une alternative à des investissements rentables, telle est la conclusion des participants étrangers. Ces derniers promettent d'organiser une rencontre en Algérie prochainement pour approfondir les discussions d'affaires. Le contexte actuel offre donc une opportunité pour drainer des investissements étrangers. Reste à saisir cette opportunité et orienter ces éventuels flux vers des projets ou actifs à rentabilité élevée tout en protégeant les intérêts de l'Algérie. K. Remouche