Bien que la période des mutations et des transferts ne soit pas encore entamée (1er juin-16 juillet), le mouvement et les contacts tous azimuts ont déjà commencé, notamment chez les clubs de l'élite. En quête d'un renforcement de l'effectif, les dirigeants pour ne pas être pris de vitesse, se lancent déjà dans une véritable surenchère pour l'acquisition de “l'oiseau rare” sur fond d'offres mirobolantes, défiant toute concurrence. C'est ainsi que des chiffres astronomiques, souvent vérifiés, sont étalés quotidiennement dans la presse pour telle ou telle transaction. Les indemnités (prime) de signature atteignent parfois les 4 millions de dinars et on peut dire autant pour les lettres de libération encore en vigueur, selon les règlements généraux de la FAF pour les joueurs encore sous contrat avec leurs employeurs. Au rythme où vont les choses les prix vont encore flamber. C'est la saignée. Du coup, l'on s'interroge sur ce qu'il advient de la promesse de la nouvelle équipe dirigeante de la Fédération de football, de stabiliser le marché des transferts, voire même de faire baisser sensiblement les primes à travers une batterie de mesures. Un simple coup d'œil sur les nouveaux règlements généraux de la FAF, encore en débats, permet de constater, qu'il n'y a point de réforme à ce niveau si ce n'est quelques “généralités” qui ne touchent guère aux fondements de la problématique des transferts et de son incidence directe sur les finances des clubs. Quant au projet de réforme du fonctionnement des clubs, lequel s'intéressera inéluctablement à ce volet, rien n'indique visiblement qu'il sera mis en œuvre rapidement pour mettre fin à cette foire du football. Tout ce passe en fait comme si ce marché “paralèle et déloyal” ne pouvait pas être réglementé par des lois claires. Les millions de dinars qui sont dépensés en prime de signature sont généralement “pompés” de ces subventions. Pis, des sommes faramineuses échappent carrément aux impôts puisque rares sont les clubs qui font référence dans leurs bilans comptables à ces indemnités souvent suspectes. Et quand bien même un club peut avoir l'honnêteté de le noter noir sur blanc, les “contrôleurs” ne daignent jamais broncher, car il faut savoir que la loi interdit formellement le payement de ce genre d'indemnisations. Du coup, les spéculateurs du football trouvent leur compte et manipulent l'argent des contribuables à leur guise. Il y a même ceux qui se sucrent à satiété pendant cette période des transferts en se donnant un malin plaisir à encaisser des dividendes sur les transactions. Dès lors, il est aisé de comprendre pourquoi la majorité des présidents de clubs sont peu enclins à lâcher leur poste. Un dirigeant nous disait récemment que : “Si la FAF et l'Etat parvenaient à baliser le marché des transferts et à couper l'herbe sous les pieds des présidents de clubs, beaucoup d'entre eux ne trouveraient aucun intérêt à y rester.” Pour faire face à cette gabegie, des solutions ont été proposées, notamment par les clubs, sans qu'il y ait un véritable suivi. Des dirigeants ont, entre autres, suggéré la suppression de la prime de signature, le plafonnement des salaires des joueurs, la limitation de leurs mouvements en ne leur accordant qu'une licence chaque deux ou trois ans… mais rien n'y fit. Les décideurs semblent éprouver du mal à trancher, pour assumer à vrai dire leurs responsabilités. En effet, il est clair que toute réforme allant dans le sens d'un assainissement dans ce domaine, ne peut provenir que des structures de la fédération ou encore du ministère de la Jeunesse et des Sports. Il leur appartient de définir une politique claire à ce sujet au lieu de se perdre dans des généralités qui n'ont de réformes que le nom. L'un des problème cruciaux dans le football algérien, c'est l'argent, et tant que les décideurs feront la politique de l'autruche en fermant les yeux sur ce qui se trame dans les coulisses des transferts entre autres, le mal du football perdurera. C'est ce qu'on appelle non-assistance à football en danger. Alors, la FAF et le MJS ont-ils le droit de rester les bras croisés ? S. B.