Photo : Riad Par M. Gemmill Les joueurs, c'est comme une marque déposée : ou bien elle est authentique ou bien elle est contrefaite. Cela fait que les transferts d'été ou d'hiver ressemblent plutôt à une brocante mal garnie. Il y a même quelqu'un qui propose un marché pour les dirigeants. Il serait plus animé cet été. Le mois d'août, date du coup d'envoi du Championnat national de première division de football, au titre de la saison 2008-2009, s'approche à grands pas. D'ici là, certains des seize clubs (!?) qui animeront cet exercice ont déjà élu leurs camps de base respectifs, à domicile ou à l'extérieur, pour entamer la phase préparatoire. A tout seigneur tout honneur. La JSK a opté pour la continuité. En maintenant presque le même effectif, d'autres joueurs ciblés sont venus renforcer le club pour faire face aux échéances continentales. Si le club a été dans le doute après son titre ravi à la suite quelques saisons de disette, les craintes se sont estompées avec l'apport du toujours présent président Moh Cherif Hannachi et son équipe de toujours. Pour cette année, les commandes techniques seront assurées par le technicien roumain Moldovan, qui sera assisté par un adjoint issu du club, en l'occurrence Rahmouni, lequel succédera à Azziz Benhamlat. L'effectif est resté pratiquement le même, en attendant d'autres éventuels renforts qui seront les bienvenus dans la mesure où le club de la ville des Genêts sera appelé à défendre son titre de champion d'Algérie, à postuler pour la consécration en coupes, à faire bonne figure, et, pourquoi pas, à aller jusqu'au bout en Ligue des champions africaine. Le club kabyle a, certes, perdu son goleador Nabil Hemani au profit de l'ES Sétif, mais il saura convaincre d'autres attaquants de qualité pour parer à ce départ inattendu de l'enfant du Ruisseau. La stabilité, seule garante de l'avenir Si la stabilité, une fois n'est pas coutume, règne dans la maison kabyle, du côté de Sétif, le champion arabe, ça bouge énormément. Et c'est le cas de l'attaquant ivoirien Sery Die qui a ravi la vedette durant cet été, et, sans l'accord de principe de son équipe, était allé effectuer des tests avec des clubs égyptiens. Contrairement à ses coéquipiers, le baroudeur Farid Touil et le défenseur de charme Adel Maïza, qui étaient sur le point de signer un contrat avec des formations saoudiennes. Un transfert qui n'a pu prendre forme qu'après de rudes rounds de négociation, et le club des Hauts Plateaux, soucieux de l'avenir de ses joueurs, a tenu à ne pas aller vite en besogne, préférant étudier d'autres offres beaucoup plus alléchantes. La même mesure a été prise pour l'autre défenseur Abdelkader Laïfaoui, lequel pourrait prendre la direction qui l'enchante, sachant que les Aigles noirs, fidèles à leurs bonnes opérations, se sont octroyé les services de Smaïl Diss, l'une des valeurs sûres du football algérien, et d'Amine Aksas du Chabab, chipé au Mouloudia. Pour ce qui est du promu, l'USMH n'a pas lésiné sur les moyens pour assurer un come-back sans dégâts chez les grands. L'actuel bureau, dirigé par Mohamed Laïb, a fait appel à Boualem Charef et à son staff pour prendre les destinées de l'équipe. L'ex-sélectionneur de l'équipe nationale première a négocié au détail près les termes de son contrat par objectifs. Pour ce faire, Essefra n'a pas tardé à renforcer ses rangs en récupérant certains anciens tels Harkat et en faisant signer d'autres nouveaux, comme Chaklir de l'OMR. Le CRB et le NAHD dans l'expectative A ces deux joueurs pourraient s'ajouter l'attaquant Brahem Chaouche de la JSMB et le probable engagement du gardien Mouyet, des habitués de la D1 qui prêteront certainement main-forte à Guessoum, Ghoul, Benchikha, les artisans de l'accession à la cour des grands. Si l'USMH s'applique à réussir son retour, le scénario est tout autre chez le deuxième et le troisième promu, le MC El Eulma et le MSP Batna. Pourvu que les assemblées générales permettent aux clubs de rattraper leur retard en vue d'entamer le prochain exercice dans de bonnes dispositions. Pour le CRB et les autres locataires de la division une, la saison a déjà débuté, forts de leurs effectifs, malgré les départs, les coachs engagés disposent de tous les atouts pour aller loin, à condition de bien gérer leurs sorties dans les différents tableaux où ils sont engagés. Quant aux formations comme le NAHD, le CRB, on est toujours dans l'expectative, ce qui n'est pas fait pour arranger les affaires de ces deux clubs, particulièrement pour les Nasraouis, auteurs d'une belle saison. Business oblige, les grands joueurs doivent être vendus Quand, par exemple, nos grands clubs cèdent leurs meilleurs joueurs à des équipes européennes pour les remplacer par des Africains ou des Maghrébins, c'est à leurs propres jeunes talents qu'ils barrent la route, c'est leur propre formation, leur propre relève qu'ils mettent paradoxalement en cause, voire à l'essence, à la souche même, à la nature de notre football qu'ils touchent. Ce football a prouvé pendant plus de trois décennies qu'il était foncièrement «nourricier», apte à produire des talents d'exception, des footballeurs de génie. On ne peut croire que la bonne veine s'est subitement asséchée à sec. On ne peut se résigner à cette brusque et incompréhensible pénurie. Des problèmes de structure, de choix se posent assurément. Il est bon de les identifier d'ores et déjà. Ce petit dossier des transferts de footballeurs ne vise personne ni ne crie à la crise. Simplement, il interroge autant qu'il s'interroge sur l'avenir de notre football. Il anticipe en quelque sorte, en faisant appel aux vraies compétences sur les questions de demain. Les mercenaires du football, la naturalisation sauvage La naturalisation est à la mode en Europe, comme en afrique. Certains pays naturalisent des footballeurs étrangers dans le but de renforcer les capacités de leur équipe nationale. Si, en soi, le phénomène n'a rien de nouveau, ce sont les motivations qui changent. Aujourd'hui, les joueurs acceptent de défendre les couleurs d'un pays qu'ils connaissent à peine contre de fortes sommes d'argent. Une tendance que la FIFA tente d'endiguer pour prévenir les «naturalisations de masse». La naturalisation sauvage. C'est la nouvelle crainte de la Fédération internationale de football. La FIFA s'inquiète du fait que quelques pays accordent la nationalité à des joueurs étrangers dans le seul but de fortifier leur équipe nationale. Le phénomène n'est pas nouveau, mais tend à s'accentuer ces derniers temps, notamment en Afrique. Certaines pratiques ont été mises en lumière lors de la Coupe d'Afrique des nations (CAN) 2004, qui s'est achevée un 14 février à Tunis. Naturalisation d'hier et d'aujourd'hui «Auparavant, les naturalisations existaient, mais de façon sporadique», explique-t-on à la FIFA. «Les joueurs avaient une connexion avec le pays qui les naturalisaient. Par le biais d'un mariage ou par le fait qu'ils y résidaient depuis plusieurs années, par exemple.» Le Congolais Joao Henriette Elias fait partie de ceux qui ont développé un sentiment affectif envers un autre pays que le sien. «Il évoluait en Belgique et y avait des amis rwandais. Il a décidé de venir au Rwanda en juillet 2003 pour jouer pour notre pays», assure Jules Kalisa, secrétaire adjoint de la Fédération rwandaise de football. La greffe a bien pris. C'est lui qui a marqué le seul but du petit Etat d'Afrique centrale lors de son premier match de CAN contre la Tunisie, hôte de la compétition. D'autant plus marquant du fait que c'était la toute première participation du Rwanda à la Coupe d'Afrique des nations. Les cas de naturalisation par affinités semblent faire figure d'exception. Car, aujourd'hui, beaucoup pensent que ce n'est plus un lien affectif qui motive les naturalisations, mais plutôt la volonté de doper les performances des équipes nationales. Du coup, des footballeurs se retrouvent à défendre les couleurs d'une nation qu'ils ne connaissent que de nom. Un phénomène qui risque de s'étendre, et qui reste difficilement mesurable et localisable. «Les autorités qui opèrent ces changements se gardent bien d'en faire la publicité. Nous avons nous-mêmes pris connaissance de ces pratiques par le biais de la presse», commente-t-on à la FIFA. Un dilemme : le renouvellement des contrats Contrairement aux saisons précédentes, l'actuel bureau directeur de l'ASMO, du CRB, de l'USMH, du NAHD et dernièrement de l'USM Alger a privilégié la qualité avec des recrutements ciblés sans barrer la route aux jeunes et c'est là que réside la grande réussite des clubs qui se sont illustrés cette saison en puisant dans leur vivier pour suppléer les nombreuses absences. Le mérite revient au coach compétent d'avoir permis à ces jeunes longtemps ignorés d'étaler leurs potentialités. Il suffit de citer Ouznadji, Attafen, Bey, Henider, Aïssaoui, Gacemi, Allag, Aït Ali, Kab, Bouregba qui constituent la découverte de la saison avec un apport considérable sur le flanc gauche. Face à l'ASMO, la formation rentrante comptait huit jeunes formés au club qui se sont trouvés comme un poisson dans l'eau. L'amalgame entre cette génération montante et le groupe de recrutés a bien fonctionné et le club a réussi même s'il a raté au cours de cette dernière saison l'accession avec un gage de garantie pour l'avenir au vu des potentialités démontrées, aidé en cela par les encouragements incessants du public, fier de ses poulains. Dans le même contexte, il y a lieu de citer le gardien Ghoul et les joueurs Malik, Asselah et Fellah : une pléiade de jeunes recrutés à l'aube de la saison et dont la moyenne d'âge ne dépasse pas 20 ans, soit de quoi mettre sur pied un groupe riche pour la prochaine saison sans pour autant fermer l'œil sur un vrai dilemme qui commence à constituer un dossier de première importance pour le bureau directeur : celui des contrats de certains joueurs qui expirent le 30 juin prochain, et la liste comprend des joueurs de talent. Certains exigent une revue à la hausse de leur contrat, poussés en cela par une offre qui leur est parvenue d'un grand club du championnat alors que, pour les clubs, la prochaine destination semble être un club du Centre. Entre-temps, les clubs formateurs poursuivent leur quête de nouveaux talents en convoquant pour la saison prochaine plusieurs jeunes de la catégorie juniors. Une nouvelle entreprise pour consolider une action de rajeunissement, symbole d'une catégorie ayant passé l'apprentissage de l'élite avec succès pour se tourner vers l'avenir qui s'annonce sous les meilleurs auspices.