Le mouvement a été moyennement suivi dans le secteur de l'éducation, notamment à Alger, alors que le personnel médical a répondu massivement à l'appel de la Coordination nationale des syndicats autonomes. C'est reparti. La contestation est de retour. Initié par les neuf syndicats autonomes formant la Coordination nationale de la Fonction publique, le mot d'ordre a été suivi, notamment dans le secteur de la santé qui a fait un carton plein. Hier, les fonctionnaires ont démontré leur détermination en débrayant dans deux secteurs vitaux de la Fonction publique, à savoir la santé et l'éducation nationale, et ce, en dépit des pressions dénoncées par la coordination. Professeurs en médecine, docents, maîtres assistants, praticiens, psychologues et enseignants sont partis en rangs serrés pour revendiquer l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. Hôpital Bachir-Mentouri, à Kouba. Il est 10h et les avis de grève ont été collés dans tous les services du secteur sanitaire. Tout est à l'arrêt à part les urgences. Un service minimum est néanmoins assuré. Sur la feuille de route du bloc opératoire, le mot grève est souligné en gras, indiquant ainsi que toutes les interventions chirurgicales prévues seront suspendues durant trois jours. “Le débrayage est devenu désormais notre ultime recours pour faire aboutir nos revendications légitimes. Nous ne sommes pas là par gaieté de cœur, mais nous voulons simplement améliorer le secteur public et nos conditions socioprofessionnelles”, déclare un chef de service de l'hôpital. Ces mêmes propos ont été réitérés à maintes reprises par les grévistes. Ils expriment tous les mêmes revendications : un statut qui respecte leurs longues années d'études et leur expérience. “Nous refusons cette grille des salaires. Sans aucune exagération, c'est un mépris total pour l'élite du pays”, s'indigne un professeur en médecine interne. Il déplore, par ailleurs, la mise à l'écart des syndicats autonomes lors des négociations. “À quoi sert un syndicat qui ne négocie pas le devenir de la carrière professionnelle de ses adhérents ?” s'est-il interrogé. Que cela soit au CHU de Bab El-Oued, Kouba, Ben Aknoun ou ailleurs, la mobilisation a été forte dans le secteur. Aucune consultation ni exploration n'ont eu lieu, tous les services ont été paralysés à part les urgences qui ont assuré un service minimum. Selon les cinq responsables des syndicats de la santé publique, la grève a été largement suivie. Pour le premier jour de cette contestation, on avance le pourcentage de 75% de taux de participation à travers plusieurs wilayas du pays. Quant à la grève dans le secteur de l'éducation nationale, elle a été “relativement suivie” dans les établissements scolaires, de l'aveu de Meziane Meriane, secrétaire général du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest). Dans certaines wilayas de l'Ouest et du Sud, à l'image d'Oran, d'El-Bayadh, de Tamanrasset, le taux d'adhésion à la grève aurait atteint les 70%, selon le Snapest, alors que dans d'autres wilayas, à l'exemple de celles du Centre comme Alger, le taux de participation n'a guère dépassé les 20%. Le mouvement de contestation n'a pas paralysé, hier matin, le fonctionnement des lycées dans certaines wilayas. La raison évoquée est le retrait de deux syndicats, notamment le Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) et le Satef à la veille de la grève. “Le retrait de ces deux syndicats est une manœuvre destinée à casser le mouvement de protestation. La manipulation ne sert pas les intérêts des travailleurs du secteur, mais agit à l'encontre de l'action syndicale unifiée à laquelle nous aspirons. Il y a eu une campagne médiatique contre notre mouvement, notamment à travers la Radio nationale qui a annoncé en boucle le gel de la grève dans le secteur de l'éducation”, déplore Meriane. Il explique, cependant, que malgré la manipulation et les menaces, le taux de participation a dépassé les 50%. “Les responsables doivent solutionner les problèmes des fonctionnaires et réagir avant que cela ne soit trop tard et non tenter de colmater les brèches”, précise-t-il. En dépit de ces tentatives de manipulation, les responsables de la Coordination nationale des syndicats autonomes de la Fonction publique se disent satisfaits du taux d'adhésion à la grève qui avoisine les 75% et menacent de durcir le ton, voire même d'aller vers un débrayage ouvert dans le cas où le Chef du gouvernement persisterait à ignorer leurs revendications. Nabila Afroun