Entre “l'avis motivé” du Conseil constitutionnel et le vote du Parlement pour la révision de la loi portant révision constitutionnelle, nous avons eu droit à un rapport du Cnes sur “l'état économique et social 2005-2007”, complété par une note de conjoncture pour le 1er semestre 2008 (autant dire un bilan de second mandat). D'emblée, l'institution présidée par M. S. Babes nous rassure : “Les fondamentaux de l'économie algérienne sont bons et les fragilités structurelles de l'économie nationale sont en train de s'estomper, lui permettant d'entrevoir de meilleures perspectives à moyen terme” et “les menaces nées de la crise financière internationale n'ont en aucune façon affecté les programmes économiques et d'équipement, ni pesé sur les financements”. Pourquoi le Cnes reprend-il le discours des politiques, maintenant que, même nous, profanes, avons bien compris que la crise financière ne nous a pas touchés parce que nous sommes hors jeu d'une économie mondialisée ? Il n'y a tout de même pas de quoi pavoiser de vivre de rente à la marge de l'économie mondiale ! Faudrait-il tout un Conseil économique et social pour reprendre le discours de nos ministres qui, en gros, nous disent que les recettes pétrolières importantes de ces dernières années n'ont pas été entièrement dépensées, que nous avons même remboursé nos dettes et que n'ayant ni prêté ni emprunté, la situation des banques internationales ne nous concerne pas ? Tous les ministres nous l'ont dit. Et comme eux, le Cnes ne nous garantit rien pour l'avenir. “Les effets négatifs de cette dépendance alimentaire, jusque-là amortis par les cours élevés du pétrole, commencent à apparaître au fur et à mesure que le monde s'enlise dans la crise.” Ce qui aurait dû tempérer son optimisme sur la “bonté” des fondamentaux et sur “les fragilités structurelles estompées” de l'économie nationale. Au lieu de cela, le Conseil nous refait le coup du discours économique magique et voit “l'émergence d'une économie productive”, alors que nous importons encore tout sans rien exporter, que du pétrole, et une “modernisation des équipements”, alors qu'hormis l'autoroute Est-Ouest, d'initiative récente, le reste n'est qu'achèvement, pas toujours achevé, de projets en souffrance (métro et aérogare d'Alger, barrages…) et identification de projets à entreprendre (barrages des Hauts-Plateaux, nouvelles villes). Le Conseil ne remarque pas le déficit d'équipement comme dans le réseau ferré, par exemple, qui a perdu deux mille kilomètres de rail, depuis 1962. Ainsi, le Conseil évoque “les pôles de recherche universitaires” et une “stratégie industrielle”. Ces intitulés génériques n'ont pourtant que l'existence de têtes de chapitres de discours programmatiques. Même le PNDRA, à oublier parce qu'il rappelle le fiasco onéreux de la politique agricole de ces dernières années, est cité au titre des réalisations nationales. De même que le schéma national d'aménagement qui vient d'être à peine finalisé. Il y a trop de structures qui abandonnent leur chapelle syndicale, culturelle ou sociale pour s'inscrire dans l'entreprise politique. Si même les institutions à vocation scientifique se mettent à produire des rapports de campagne… M. H. [email protected]