La grève de trois jours déclenchée hier par le syndicat d'entreprise de Kanaghaz semble connaître une réussite totale si l'on se réfère au communiqué du syndicat rendu public hier qui précise que le taux enregistré au niveau national a atteint 83% et que les 17% restants correspondent aux travailleurs désignés pour assurer le service minimum. “Seuls quelques cades exerçant dans des postes de responsabilité n'ont pas suivi le mot d'ordre”, nous a affirmé un syndicaliste du siège de Boumerdès qui précise que la grève a été largement suivie au niveau de toutes les unités et chantiers de Kanaghaz. “C'est le même taux de suivi constaté au niveau des autres unités”, nous a indiqué M. Kherra, secrétaire général du syndicat d'entreprise, visiblement très satisfait de l'adhésion des travailleurs à ce mouvement de protestation. Ce dernier affirme être toujours ouvert aux négociations. Mais les travailleurs ont été surpris hier par la sortie de leur fédération, celle de Sonelgaz, qui leur a signifié que la grève est illégale. “Cette grève n'a pas de raison d'être et qu'elle est contre les orientations de l'UGTA”, précise le communiqué de la fédération qui ajoute d'un ton menaçant que “des dispositions seront prises par le secrétariat”. Les représentants des travailleurs ne veulent pas commenter la lettre de la fédération mais affirment “avoir suivi les instructions du secrétaire général de l'Ugta Sidi-Saïd qui a toujours privilégié le dialogue, mais l'employeur refuse de concrétiser ses engagements contenus dans plusieurs P.V. de réunion, notamment ceux qui concernent l'accord collectif relatif au système indemnitaire”. Les travailleurs, de leur côté, ont exprimé leur solidarité avec leurs représentants tout en déniant le droit à la fédération de se prononcer sur les légalités ou non d'une grève. “Seule la justice a le droit de décider du caractère légal d'une grève”, nous a affirmé un travailleur. Nos tentatives de joindre le directeur général de Kanaghaz se sont avérées vaines. Pour rappel, le syndicat a décidé de cette grève de trois jours après consultation de sa base et après épuisement de toutes les formes de dialogue y compris les étapes de conciliation établies au niveau de l'Inspection du travail. “La grève a été votée à bulletin secret au niveau de toutes les unités, il y a plus de huit mois, et l'on s'étonne comment la fédération n'a pu intervenir durant toute sa période pour tenter de dénouer le conflit laissant la situation se détériorer davantage”, s'est interrogé hier un syndicaliste. À noter que cette grève est observée dans plusieurs régions du pays telles que Sétif, Tébessa, Khenchela, Souk-Ahras, El-Tarf, Tlemcen, Oran, El-Bayedh, Naâma, Tiaret, Ouargla, Djelfa, Relizane, Tipasa, Alger et Boumerdès. M. T.