Le jugement, rendu en faveur des syndicalistes de Kanaghaz par la chambre sociale du tribunal de Boumerdès, intervient un mois après la première décision rendue par le juge des référés. Le tribunal de Boumerdès a donné, hier, gain de cause au syndicat de Kanaghaz en rejetant, pour la deuxième fois consécutive, la plainte pour grève illégale déposée par le directeur général de cette entreprise à l'encontre du syndicat d'entreprise. Ce jugement, rendu en faveur des syndicalistes de Kanaghaz par la chambre sociale du tribunal de Boumerdès, intervient un mois après la première décision rendue par le juge des référés toujours en faveur du même syndicat. Les deux plaintes du P-DG de Kanaghaz ont été déposées au lendemain de fin de la grève qui a eu lieu au mois de novembre et qui a duré trois jours. La décision du tribunal de Boumerdès constitue un véritable camouflet non seulement pour l'employeur, mais aussi pour le secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des industries électriques et gazières qui avait, lui-même, déclaré, dans une lettre adressée au syndicat, la grève illégale après avoir menacé les syndicalistes de sanctions. C'est d'ailleurs cette lettre qui sera présentée par l'employeur au tribunal en guise de preuves de “l'illégalité de l'action” de l'action des travailleurs de Kanaghaz. Un fait et une position qualifiés “d'inédits dans le mouvement syndical” par le secrétaire général de l'union locale de Boumerdès. “C'est pour la première fois dans l'histoire de l'UGTA qu'un employeur s'appuie sur un document signé par un responsable d'une fédération pour sanctionner des syndicalistes dont le seul tort est d'avoir usé d'un droit constitutionnel”, a précisé pour sa part le secrétaire général de l'union locale de Rouiba. Ce dernier avait animé, dimanche dernier, à Rouiba, une assemblée générale des travailleurs de Kanaghaz au cours de laquelle il a appelé les travailleurs à rester unis et solidaires avec le syndicat d'entreprise. Cet appel est intervenu en réponse à la décision de la FNTEG de geler les activités du bureau syndical de l'entreprise Kanaghaz alors que la justice ne s'était même pas prononcée. Les sections syndicales seront même interdites de tenir des réunions. Le P-DG, s'appuyant une nouvelle fois sur un document de la FNTEG, est allé jusqu'à mettre fin au détachement du secrétaire général du syndicat d'entreprise. Une décision qualifiée, encore une fois, d'arbitraire par l'union de wilaya de Boumerdès qui s'est élevée énergiquement contre toutes les décisions de la fédération en la prise à l'endroit des syndicalistes de Kanaghaz les qualifiant de “précédent grave et de dérive en matière de fonctionnement des instances syndicales”. La lettre de l'union de wilaya de Boumerdès, datée du 6 janvier 2008, adressée au secrétaire général de la FNTEG “déplore qu'une structure verticale de l'UGTA telle que la FNTEG, dont les missions et les prérogatives sont clairement définies par les statuts et règlements intérieurs de l'UGTA, soit l'instigatrice de l'attitude de l'employeur”. Ainsi, le conflit, qui était au départ un conflit collectif de travail, s'est vite transformé en un conflit syndico-syndical que seul le secrétaire général de l'UGTA, M. Sidi-Saïd pourra dénouer. Pour sa part, l'union de wilaya ne cesse d'appeler de régler ce problème autour d'une table et elle l'a fait savoir aux responsables de la fédération. Les syndicalistes comptent sur l'intervention de Sidi-Saïd et de M. Telli pour régler ce problème qui, de l'avis de nombreux syndicalistes, risque de prendre d'autres proportions. Pour rappel, les 4 000 travailleurs de Kanaghaz avaient observé, au mois de novembre dernier, une grève de trois jours pour exiger “la signature de l'accord collectif relatif au système indemnitaire” et l'application des “autres points négociés tels que les frais de mission et les frais de déplacement”. Cette décision, prise par les syndicalistes, est intervenue après deux procès-verbaux de non-réconciliation établis par l'inspection de travail et plus de vingt réunions de travail organisées entre les deux parties et cela depuis l'année 2006. La grève a été votée à l'unanimité par les travailleurs à bulletin secret tels que l'énonce la législation du travail et les points inscrits dans la plate-forme de revendication s'inspirent de la convention de branche supérieure. M. T.