Le chercheur américain John Alterman, et néanmoins directeur du Centre d'études stratégiques et internationales (SCRS) pour le Moyen-Orient, qui est basé à Washington (Etats-Unis), a animé hier, à l'hôtel El-Djazaïr, à Alger, une conférence-débat sur les “perspectives d'évolution de la situation au Proche-Orient”. La rencontre, initiée par l'Institut national d'études de stratégie globale (Inesg), intervient au lendemain de l'élection du président Barack Obama aux Etats-Unis, d'où la grande place réservée à cet événement par le spécialiste du Moyen-Orient. “Les Etats-Unis sont un pays étrange. Notre héritage n'est pas basé sur le territoire ni sur les liens sanguins. Notre héritage repose sur des idéaux, et n'importe qui peut devenir un Américain”, a déclaré l'invité de l'Algérie, non sans reconnaître que “la réalité n'a pas toujours atteint ces idéaux de liberté et de justice”. “En tant que pays, nous sommes imparfaits”, a encore confié M. Alterman, en ajoutant : “M. Obama a compris combien la lutte contre la discrimination est importante.” Selon l'expert du SCRS, Barack Obama, cet “enfant d'immigrant”, ne sera pas “un président parfait”, mais “il est mieux apprécié que l'actuel (le président Bush, ndlr) aux Etats-Unis et à l'extérieur”. “Je suis optimiste pour le nouveau Président”, a-t-il indiqué en expliquant que M. Obama “va initier un nouveau dialogue entre les Etats-Unis et le reste du monde”, “chercher auprès des gouvernements étrangers le soutien au libéralisme” et s'attaquera aux “problèmes internes (qui) sont graves”, notamment du point de vue économique. À propos de la problématique terroriste, John Alterman a estimé que les groupes terroristes restent “une menace” pour la sécurité, mais ne méritent pas néanmoins une “stratégie”, comme cela a été le cas avec l'administration Bush. Quant à l'approche d'Obama au Moyen-Orient, il a relevé que ce dernier “va avoir un ton différent”, en espérant que cette région “ne soit plus importante pour le président US”, d'autant que “beaucoup pensent que la réputation de Bush sera enterrée au Moyen-Orient”. Abordant la situation en Irak, il a noté que son pays a décidé de négocier le retrait des troupes américaines de l'Irak, en soulignant : “Nous ne devons pas laisser ce pays en crise (…) Mes appréhensions et mes craintes, c'est que l'Irak vive un autre cycle de violence.” S'agissant d'Iran, l'expert a précisé qu'il y a “un problème réel de sécurité”. Il n'a pas éloigné l'idée que “la menace iranienne peut augmenter”, en notant plus loin que la question de fond est de savoir “si l'Iran deviendra une force de déstabilisation ou une force de paix dans la région”. Une question, dira-t-il, qu'il “faudra poser aux Iraniens”. “Les Etats-Unis ont pour tâche de voir ce que les Iraniens vont faire et de les sanctionner s'ils menacent la sécurité”, a-t-il affirmé. Concernant le conflit israélo-palestinien, l'intervenant s'est gardé de donner son avis et a préféré parler de “certains (qui) disent que le conflit israélo-arabe est un antagonisme entre les Américains et les Arabes” et des “autres” qui, après les attaques du 11 septembre 2001, qualifient la réaction arabe d'“anti-américanisme”. Lors du débat, le directeur du SCRS a évité de commenter l'acquisition, par Israël, de 2 bombes atomiques. Et à la question de savoir si la nouvelle administration US serait prête à arrêter son parti pris vis-à-vis d'Israël dans le conflit israélo-palestinien et d'imposer à Tel-Aviv d'adhérer au traité de non-prolifération nucléaire, l'expert américain a répondu : “Les Etats-Unis ne vont pas abandonner une relation de plus de 60 ans. Cela ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas jouer un rôle dans le règlement du conflit.” Pourtant, il notera rapidement : “Nous n'avons pas trouvé une solution pour ce problème.” D'après M. Alterman, les conditions ne sont pas prêtes pour que les deux parties en conflit admettent “l'existence d'un Etat palestinien à côté de l'Etat israélien” et soient convaincues que “la paix est importante”. Interpellé sur la vision d'Obama sur le Maghreb et sur sa position par rapport à la question du Sahara occidental, il a indiqué : “Je ne sais pas ce qu'il va faire. Ce que je sais, c'est qu'il a beaucoup parlé du conflit israélo-palestinien (…). Sa politique ne sera pas identique à celle de l'administration Bush, mais elle ne sera pas non plus comme l'attendent les Arabes.” H. Ameyar