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La nouvelle politique américaine au Maghreb, la grande inconnue Jon Alterman, directeur du programme Moyen-Orient à l'Institut US de recherche sur la paix
L'invité de l'Institut national d'études de stratégie globale (INESG), Jon Alterman, n'a pas tari d'éloges, hier, sur le nouveau président américain, Barack Obama. Son élection à la Maison-Blanche suscite « l'optimisme », selon le directeur du programme Moyen-Orient à l'Institut américain de recherche sur la paix (basé à Washington). Jon Alterman s'est dit « enthousiaste » lors de sa conférence à l'hôtel El Djazaïr, même si, prévient-il, l'essentiel de l'action future d'Obama sera orientée davantage vers le règlement des questions prioritaires de politique intérieure. Le traitement de la crise économique captera davantage l'attention du nouveau Président car « l'économie (américaine) s'est effondrée, plus bas qu'elle ne l'avait été au début des années 1930 ». Obama le fils d'émigrant saura réconcilier, d'après le spécialiste, le monde avec la première puissance mondiale et les Américains avec les valeurs qui fondaient jusque-là « l'idéal américain : liberté, justice, espoir... ». En tant que nation, dit-il, « l'Amérique a perdu (sous l'administration Bush) le sens de la perfection, de l'infaillibilité ». La guerre en Irak, les attaques du 11 septembre ont grandement contribué à ternir l'image des Etats-Unis d'Amérique dans le monde. Sur le plan de la politique étrangère, M. Alterman affirme qu'il ne faudrait pas s'attendre à un quelconque chambardement. « Certainement que l'approche sera différente, un nouveau dialogue sera initié par Obama, les Etats-Unis seront plus actifs sur la scène internationale, mais cela ne bousculera pas outre mesure les grands principes qui portent la stratégie américaine. » Sur la question palestinienne, M. Alterman déclare qu'« il est inconcevable que les USA liquident d'une traite 60 ans de relations avec Israël ». « Cela n'arrivera pas ! », assène-t-il. Par contre, il faudrait, selon lui, s'attendre au « désengagement de l'Administration Obama du règlement du conflit israélo-palestinien ». Le niveau d'engagement des USA dans le processus de paix au Proche-Orient sera probablement, selon M. Alterman, « très bas ». L'universitaire l'explique par le fait que les USA n'ont pas « d'intérêt étroit » dans la région et par les « déboires » qu'a rencontrés Bush dans ses « initiatives » de paix. « C'est au Moyen-Orient que s'était enterré le président Bush », fait-il remarquer. Si J. Alterman prévoit un « désengagement » américain du processus de paix, il prédit néanmoins, pour le dossier du nucléaire iranien, un engagement plus soutenu. Plus ferme. Plus martial envers ce qui est désigné comme « une menace pour les Etats-Unis d'Amérique et pour Israël ». « Le prochain défi d'Obama, ce sera l'Iran », souligne-t-il. « L'Iran doit faire la preuve qu'il n'est pas une puissance déstabilisatrice pour la région. Prouver qu'il n'est pas une menace pour Israël et ses voisins directs. » Pour cela, « il est nécessaire que l'Iran renonce à se doter de capacité nucléaire ». « La probabilité de mal calculer nos relations avec l'Iran ne veut pas dire qu'on s'achemine vers une confrontation militaire », rassure tant bien que mal le spécialiste. « Les USA et l'Iran, dit-il, veulent éviter une guerre accidentelle. » A propos de l'Irak et du plan de retrait de 16 mois proposé par Barack Obama durant sa campagne électorale, J. Alterman soutient que si celui-ci était mis en œuvre, cela produirait le « chaos ». « Je crains que si l'armée américaine se retire, l'Irak vivra un cycle de violence durant les 50 prochaines années. » Questionné sur ce que sera la nouvelle politique US dans la région du Maghreb, J. Alterman répond que celle-ci reste à définir. « Durant la campagne américaine, le sujet a complètement été éludé. » Il faudrait attendre, selon lui, que Barack Obama ait désigné ses collaborateurs, ses ambassadeurs… pour connaître les nouvelles orientations.