Avant son arrivée hier en fin d'après-midi à Alger, le directeur général du Fonds monétaire international a demandé à Rabat et à Alger de mettre de côté leurs problèmes politiques pour que l'intégration économique du Maghreb se réalise. L'idée de dépasser les différends politiques algéro-marocains afin de permettre la réalisation de l'intégration économique du Maghreb n'est pas nouvelle, mais cette fois-ci elle vient du socialiste français et directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn. Il a lancé son appel lundi depuis la capitale libyenne, où il a assisté à une partie des travaux de la “Conférence sur l'intégration régionale et la promotion des projets communs dans les pays du Maghreb arabe”. Ainsi, le patron du FMI a appelé de manière générale les pays du Maghreb à surmonter leurs problèmes politiques pour accélérer la réalisation d'une intégration économique, avant de citer nommément l'Algérie et le Maroc, sans toutefois faire référence au conflit du Sahara occidental, dossier qui divise Alger et Rabat depuis plus trois décennies maintenant. À ce sujet, il affirmera qu'“il faut que l'Algérie et le Maroc soient capables de dépasser la question des conflits pour avancer dans l'intégration économique”. Ceci étant, l'Union du Maghreb arabe (UMA) est actuellement mise en veilleuse à cause des différends politiques, particulièrement l'affaire du Sahara occidental. Quant aux répercussions sur le plan économique, elles se traduisent par un total des échanges commerciaux entre les cinq pays du Maghreb : Algérie, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie, qui ne dépasse pas les 3%. Pour justifier cette ingérence politique dans les affaires du Maghreb, Strauss-Kahn insistera sur la nécessité d'accélérer l'intégration commerciale et la création d'un instrument financier à l'échelle du Maghreb, il ajoutera qu'“il y a beaucoup à faire. Mais cette intégration pourrait se faire petit à petit pour permettre la création d'une grande puissance économique”. Dans le même ordre d'idées, il argumentera : “Il faut avancer dans l'intégration économique comme s'il n'y avait pas de problème politique et il faut par ailleurs traiter les problèmes politiques comme s'il n'y avait pas de difficultés économiques”. Admettant que “les problèmes politiques rendent les choses plus difficiles”, Dominique Strauss-Kahn citera en exemple le cas de la France et l'Allemagne, qui ont dépassé leurs différends beaucoup plus profonds pour devenir par la suite un exemple de coopération dans tous les domaines. “Mais l'Union européenne s'est faite avec des pays qui avaient fait la guerre longtemps, notamment la France et l'Allemagne, et qui ont dépassé leurs différends politiques pour construire leur bien-être économique collectif”, a notamment souligné le directeur général du Fonds monétaire international. S'adressant à l'association du secteur privé aux projets d'intégration, il l'appellera à la simplification du cadre juridique et à l'accélération de la réalisation de projets d'infrastructures, en particulier une autoroute trans-maghrébine, “dont on a parlé longtemps mais qui n'avance pas beaucoup”, a-t-il fait remarquer. Quant aux retombées de la crise financière mondiale sur la région, Strauss-Kahn estimera que les pays du Maghreb ont été peu touchés par la crise financière. Il justifiera cela par le fait que “leurs économies sont peu ouvertes à l'économie financière donc ils sont à l'abri des conséquences directes”, tout en avertissant qu'ils ne sont pas à l'abri “des conséquences économiques générales”. Enfin, il y a lieu de signaler que le patron du FMI a quitté Tripoli hier matin, après avoir assisté à la clôture de la Conférence sur l'intégration régionale pour rallier Tunis, où il devrait être reçu par le président Zine El-Abidine Ben Ali, avant de se rendre à Alger en fin d'après-midi. Merzak Tigrine