Presque en cessation de paiement, prise à la gorge par une dette étouffante dépassant les 40 milliards de dollars et en butte à une conjoncture politique difficile, l'Algérie avait été, au milieu des années 90, dans l'obligation de se soumettre au diktat d'un Fonds monétaire international réputé faire peu de cas du coût social de ses médications. En plus de la signature, en mai 1994, d'un accord avec le Fonds monétaire international l'engageant à appliquer une politique d'ajustement structurel, l'Algérie n'avait d'autre choix que d'accepter le principe de rééchelonnement de sa dette extérieure. En contrepartie de crédits alloués par l'institution présidée alors par Michel Camdessus, les autorités de l'époque s'étaient pliées sans rechigner aux injonctions des administrateurs du FMI. Parce qu'elle avait scrupuleusement appliqué les mesures draconiennes qui lui étaient édictées, l'Algérie avait eu droit au qualificatif de “bon élève du FMI”. Mais la facture sociale des réformes engagées pour remettre sur les rails une économie par trop dirigiste et improductive était bien salée : la fermeture de près de 600 entreprises publiques déficitaires avait donné cours à une vague de licenciements de plus de 400 000 travailleurs. Les grands équilibres macro-économiques rétablis, le gouvernement du président Liamine Zeroual avait décidé de rompre l'accord avec le FMI au grand regret de l'institution de M. Camdessus, qui considérait l'économie algérienne trop fragile pour se libérer de sa tutelle. Avec ce divorce, les responsables du FMI s'étaient contentés, depuis, d'envoyer des missions en Algérie, comme dans d'autres pays d'ailleurs, pour procéder à des consultations avec les autorités algériennes sans pour autant se départir de leur ton paternaliste en émettant, par-ci, par-là, des recommandations (limitation des hausses des salaires, réévaluation du dinar, poursuite des reformes…) qui, assimilées à de l'ingérence, suscitaient souvent bien des grincements de dents du côté algérien. À la faveur de la crise internationale, et malgré son aisance financière qu'elle doit aux hydrocarbures, l'Algérie redécouvre les injonctions de l'institution de Strauss-Kahn, quoique formulées de manière moins abrupte. Dirigée par M. Joël Toujas-Bernaté, la dernière mission qui a séjourné du 4 au 15 novembre 2008 à Alger le confirme. Pour M. Toujas-Bernaté, le gouvernement algérien doit se préparer à une rationalisation accrue des dépenses publiques si la conjoncture mondiale devrait rester durablement défavorable. En visite dans la région du Maghreb, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a plaidé, lundi à Tripoli, pour un usage “massif” et coordonné des instruments de politique budgétaire afin de surmonter la crise. “Il faut agir massivement en matière de politique budgétaire”, a-t-il recommandé. S'aventurant sur le terrain mouvant de la politique, M. Strauss-Kahn a enjoint aux Algériens et aux Marocains de mettre un terme à leur futile “guéguerre'' pour se consacrer à l'essentiel : l'intégration économique. “Il faut que l'Algérie et le Maroc soient capables de dépasser la question des conflits pour avancer dans l'intégration économique”, préconise-t-il. Des injonctions, toujours des injonctions. Arab CHIH