Les retombées de la chute des prix du pétrole qui frôlent la barre des 50 dollars, voire moins, pèseront de tout leur poids sur les importations de l'Algérie. Or, celles-ci sont en grande partie composées de produits alimentaires parfois de première nécessité. Contrairement au discours officiel et les arguments avancés par nos dirigeants, la crise financière, à l'origine d'une récession certaine au sein d'une grande partie de pays développés, aura des conséquences directes sur notre pays. D'une crise aux dimensions purement financière et économique, le choc a pris des proportions qui se sont étendues de manière logique pour accentuer les méfaits de la pauvreté et de la famine dans le monde. S'il s'agit d'une crise financière pour les Occidentaux, elle est en revanche typiquement alimentaire pour les pays en voie de développement. L'Algérie n'échappe pas à cet implacable verdict. Les retombées de la chute des prix du pétrole qui frôlent la barre des 50 dollars, voire moins, pèseront de tout leur poids sur les importations de l'Algérie. Or, celles-ci sont en grande partie composées de produits alimentaires parfois de première nécessité. Des difficultés vont certainement surgir, peut-être pas dans les deux ou trois années à venir, mais plus tard pour concrétiser de telles opérations d'importation dans le cas où la baisse du Brent se maintient. L'Algérie assistera, de ce fait, à une réduction de ses revenus en devises. Pour le moment, le Fonds de régulation des recettes (FRR), qui a engrangé jusque-là la “rassurante” somme de plus de 50 milliards de dollars, viendra au secours des dirigeants. Mais le FRR ne peut toutefois pas constituer éternellement une source intarissable. Le pays ne peut pas non plus compter sempiternellement sur ses réserves de change, quand bien même elles avoisinent les 133 milliards de dollars. De par la régression qu'a connue depuis une décennie la production agricole, la demande nationale en matière d'alimentation devient de plus en plus importante. La sécuritaire alimentaire, faut-il le souligner, est l'un des principes composant la feuille de route nationale adoptée par le ministère de l'Agriculture, liée au recentrage des potentialités pour le renouveau agricole. C'est dire l'intérêt qu'accorde le département de Rachid Benaïssa à cette problématique. L'autre contrainte à laquelle fera face notre pays a trait à la diminution de l'activité économique des pays les plus industrialisés au monde. Le Fonds monétaire international (FMI) entrevoit une récession dans les pays développés en 2009, avec une contraction de l'activité qui devrait atteindre 0,3%. Baisse de la production des pays industrialisés, flambée des produits alimentaires, érosion du pouvoir d'achat, dégradation du niveau de vie. “Dans les économies avancées, il est prévu que la production se contracte en 2009, la première baisse de ce type lors de la période d'après-guerre”, souligne le FMI. Les perspectives pour la croissance mondiale se sont détériorées sur les derniers mois, indique le FMI, le mouvement de désendettement du secteur financier “s'étant poursuivi et la confiance des producteurs et consommateurs ayant chuté”. Le recul net de la production des pays industrialisés va, par conséquent, entraîner une rareté des produits alimentaires qui, à son tour, provoquera une flambée des prix sur les marchés internationaux. Ce qui approfondira davantage l'érosion du pouvoir d'achat réel du citoyen algérien et la dégradation du niveau de vie d'une frange de la population. Il faut noter que depuis plusieurs décennies, les prix des produits alimentaires ont connu une hausse constante alors que les salaires des travailleurs n'ont pas suivi. Les pays en développement ont un besoin pressant de poursuivre d'autres actions immédiates afin d'aider les populations les plus affectées, d'assurer les récoltes des années prochaines en soutenant la production agricole, de traiter les causes structurelles de la crise afin de relancer durablement l'agriculture vivrière et d'assurer une moindre vulnérabilité des pays en développement à la volatilité des prix alimentaires qui nuit aux plus pauvres. Les perspectives économiques sont toujours exceptionnellement incertaines. Il y a de nombreuses raisons de rester inquiet sur l'impact potentiel de la crise financière sur l'activité économique sur le plan mondial. On doit s'intéresser également de près à la politique du renouveau agricole et rural prônée par le ministre de l'Agriculture dans le cadre du Plan national du développement agricole et rural (PNDA). Pour le ministre, il est question, à ce propos, de renforcer la cohésion sociale, la libération des initiatives, la confiance en l'avenir, la consultation et la concertation avec tous les acteurs et la concession comme mode exclusif pour l'exploitation des terres du domaine privé de l'Etat… Chaque wilaya sera ainsi évaluée par rapport à ce renouveau suivant des critères tels que le taux de croissance, la valeur de la production agricole et la productivité. Quant au renouveau rural, les wilayas seront jugées selon le nombre de Projets de proximité de développement rural intégré (PPDRI) initiés et réalisés, l'augmentation du potentiel productif, la protection des ressources naturelles, le nombre d'emplois créés, le degré de stabilisation des populations… La troisième ligne directrice concerne les programmes spécifiques d'intensification dans les filières des céréales, les légumes secs, du lait, des viandes, des huiles… Il est attendu une augmentation des rendements, l'irrigation d'appoint et économie de l'eau ainsi que les semences et plants. B. K.