Les autorités chinoises veulent contraindre le président français à ne pas rencontrer comme il l'a annoncé le dalaï-lama. Première salve, Pékin a décidé d'annuler un sommet prévu le 1er décembre à Lyon entre l'Union européenne et la Chine. Nicola Sarkozy s'apprête, le 6 décembre, à rencontrer le chef spirituel des Tibétains à Gdansk, en Pologne. Le report jusqu'à une date non spécifiée de ce sommet sino-européen auquel devait assister le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, intervient après plusieurs mises en garde adressées par Pékin à Paris, ces derniers jours. Le président français, qui avait pris soin lors de la visite du dalaï-lama en France de le faire accueillir par son épouse pour ne pas fâcher les Chinois et surtout ne pas mettre en péril les intérêts français dans cette usine du monde, devait annoncer de façon impromptue le 13 novembre, qu'il aurait l'occasion de voir le dalaï-lama à Gdansk, lors d'une réunion de prix Nobel autour de Lech Walesa, une décision accompagnée d'un commentaire qui a fait bondir les Chinois : “Les Tibétains n'ont pas à souffrir de la répression et ont le droit à la liberté.” Il n'en fallait pas plus pour Pékin qui a décidé du coup d'avertir également l'ensemble des pays de l'UE dont les affaires avec la Chine sont menacées et qui n'ont qu'à s'en prendre à la France qui préside l'Union. L'annulation du sommet a placé Sarkozy dans l'embarras vis-à-vis de ses pairs. L'incident est tombé au moment où la Chine est plus que jamais courtisée pour une meilleure concertation internationale sur les questions financières. “Les enjeux sont importants, nous sommes stupéfaits que les Français n'aient pas mieux verrouillé auprès des Chinois l'idée de cette rencontre de Sarkozy avec le dalaï-lama”, a commenté une source européenne qui estime que la France n'avait pas à contrarier les relations sino-européennes. Pourtant Sarkozy avait mis de l'eau dans son vin depuis sa menace de ne pas participer à la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques, en août. Il s'était rendu à Pékin et n'a pas rencontré en France le dalaï-lama. L'Elysée avait même proclamé que la page était tournée sur des mois de tension. Les dirigeants chinois ont, eux, compris que la politique de Sarkozy pouvait fluctuer au gré des pressions qu'ils exerceraient sur lui. Pour la France, l'ire de Pékin serait à mettre sous le coup de luttes en œuvre au sein du régime sur le devenir de la trop grande ouverture du pays sur l'Occident. B. D.