De lourdes incertitudes pèsent sur la survie du gouvernement thaïlandais qui éprouvera les plus grandes difficultés à empêcher une spirale des violences ou un nouveau coup d'Etat, estiment des analystes. Le 23 novembre, des opposants ultraroyalistes de "l'Alliance du peuple pour la démocratie" (PAD) ont lancé la "bataille finale" pour renverser le pouvoir, alors que leur campagne entamée il y a six mois commençait à s'essouffler, faute d'argent et de mobilisation populaire. Mais deux jours plus tard, ces militants, déterminés et bien organisés, se sont emparés de l'aéroport international de Bangkok et ont provoqué sa fermeture. Ce coup d'éclat a constitué une escalade majeure alors que la capitale thaïlandaise est l'une des plaques tournantes du tourisme et des affaires en Asie. La police est apparue totalement impuissante face aux manifestants. En dépit des inquiétudes exprimées de par le monde, l'armée thaïlandaise a refusé jusqu'ici de prêter main-forte à la police pour venir à bout des manifestants, vêtus pour la plupart de jaune, en signe d'allégeance au roi Bhumibol Adulyadej (80 ans), immensément révéré dans son pays. "Cette situation tendue ne peut pas durer et quelque chose se produira dans les prochains jours", estime Thitinan Pongsudhirak, politologue à l'université Chulalongkorn de Bangkok. Pour l'heure, ajoute-t-il, les positions sont figées : "Le gouvernement refuse de céder. Les +chemises jaunes+ ne bougent pas. L'armée ne bouge pas et la police pourrait ne pas faire son travail (pour déloger les manifestants). La PAD, qui exige la démission du Premier ministre Somchai Wongsawat, avait déjà largement contribué, par des manifestations en 2006, à déstabiliser l'ancien homme fort de la Thaïlande, Thaksin Shinawatra, avant son renversement par l'armée. R. I./Agences