Un séminaire international sur l'abolition de la peine de mort sera organisé les 12 et 13 janvier prochain à l'hôtel El-Aurassi (Alger) par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH). C'est ce que nous avons appris, mercredi dernier, en marge de la cérémonie organisée par cette instance à l'occasion du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme qui s'est déroulée à Alger. Des scientifiques, des experts en la matière et des législateurs nationaux et étrangers prendront part à cette importante rencontre qui aura le mérite de casser un autre tabou. Mais surtout, ce séminaire verra la participation de politiques et de religieux pour confronter toutes les opinions à propos d'un sujet qui fait, par ailleurs, l'objet d'une grande polémique. Dans une déclaration à Liberté, le président de la CNCPPDH, Farouk Ksentini, estime que “l'Algérie doit abolir la peine de mort. Nous sommes pour le principe dès qu'il y a volonté politique d'aller vers un Etat de droit. Et nous revendiquons un débat de société. Car, après tout, les droits de l'Homme sont un sujet très sensible. Mais il faut reconnaître tout de même que beaucoup de choses ont été faites en Algérie et elles sont perceptibles”. Reste à savoir si ce séminaire donnera lieu à une déclaration ou à de simples recommandations. Car, en fait, le Parlement avait voté en 2006, dans le cadre du nouveau code pénal algérien, contre l'abolition de la peine de mort, qui se voit maintenue même si celle-ci n'est plus appliquée en Algérie depuis 1994. En outre, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, s'est dit favorable à l'abolition de la peine capitale, notamment depuis la signature de l'Accord d'association avec l'Union européenne entré en vigueur le 1er septembre 2005. Enfin, au lendemain de son retour aux affaires du pays, Ahmed Ouyahia s'est dit opposé à l'abolition de la peine de mort dès qu'il s'agit d'individus qui veulent mettre le pays à feu et à sang et qui sont déterminés à mettre à genoux l'économie et l'avenir de la nation. Du coup, on assistera à un séminaire, le premier du genre, où toutes les expériences étrangères seront mises en valeur pour faire valoir un tel projet, avec en appoint une vision loin de remettre en cause les acquis de l'Algérie en matière des droits de l'Homme. D'où la revendication de maître Ksentini d'un débat de société sans exclusive. FARID BELGACEM