Située à quelque 70 km au nord-est de la wilaya de Tizi Ouzou, la commune de Zekri, dans la daïra d'Azazga, semble être rayée de la carte géographique ; son éloignement et l'absence d'un réseau routier adéquat l'engouffrent davantage dans un isolement quasi total qui perdure depuis plusieurs années. En effet, à l'instar des 32 villages que compte cette municipalité enclavée, Magoura un village distant de 3,6 km du chef-lieu communal, en est une illustration parfaite d'une commune oubliée par le temps et abandonnée par les hommes. Le visiteur qui foule le sol de cette bourgade est vite frappé par “le silence de cimetière” qui ronge les lieux, seule une maison nouvellement refaite est habitée, quant aux autres demeures qui menacent ruine, elles ont été délaissées par leurs propriétaires il y a de cela plusieurs années pour s'exiler dans les grandes agglomérations et villes (Tizi Ouzou, Béjaïa, Alger…) à la recherche d'une vie meilleure, fuyant l'extrême pauvreté qui frappe les lieux où le chômage persistant règne en maître. Dda Moh, le seul “rescapé” d'un phénomène nommé “exode rural” qui a drainé entre autres l'abandon des terres agricoles, tient toujours au sol, hérité de ses aïeux. Il se bat sans relâche contre le mal-vivre et une nature hostile. “L'hiver 2004 restera gravé dans ma mémoire, j'ai failli perdre la vie ; la neige qui tombait en abondance avait bloqué les chemins d'accès pendant plus de trois semaines. Enfermé dans ma maison, je ne dois ma survie qu'à l'entraide des villageois qui se sont précipités à mon secours”, déclare-t-il avec un air de quelqu'un qui ne regrette pas d'avoir choisi de rester au village même si c'est au détriment de sa vie. Certes, le village de Magoura n'est qu'un exemple parmi d'autres dans une commune désertée par ses habitants, mais c'est aussi la réalité d'une misère qui a atteint le seuil de l'intolérable dans ces régions aux vastes collines de l'Algérie profonde. H. A.