Comme nous l'avons rapporté dans notre édition d'hier, il y a bien anguille sous roche concernant la liste des bénéficiaires de logements sociaux affichée samedi dernier à Rahouia, dans la wilaya de Tiaret. Cela démontre, encore une fois, que les jérémiades que peuvent porter les citoyens à l'administration locale sont très souvent plus que justifiées. Du mauvais accueil à l'abus d'autorité, en passant par les passe-droits et la mortification bureaucratique, sans oublier le piétinement des textes républicains, les services publics ne font que cumuler une masse de points noirs au centimètre carré qu'ils pourraient se faire la meilleure place au Guinness des records. Dans le sillage de ces inégalités pour le moins absurdes, plus d'une centaine de citoyens se sont réunis autour d'une pétition expédiée à l'ensemble des autorités compétentes, à savoir le wali et le P/APW de Tiaret, le ministre de l'Habitat, celui de l'Intérieur et des Collectivités locales, le Premier ministre et les services de sécurité, pour dénoncer l'antagonisme qui émaille la liste en question. “L'accès au logement nous pousse à avoir les nerfs sous le bonnet tant le dossier est devenu notre principal casse-tête, et une fois déposées, toutes ces pièces ne sont même pas prises en compte puisque les bénéficiaires sont connus d'avance”, nous dit un citoyen qui ajoute : “Il est plus aisé de trouver une aiguille dans une botte de foin que de se dénicher un modeste appartement, et ce n'est là qu'une lapalissade ou un secret de Polichinelle.” Ce dernier explique sa réaction par le fait que la commission d'attribution a outrepassé les conditions d'attribution telles que stipulées dans le décret 08-142 du 11 mai 2008, à savoir les modalités de traitement des demandes, les critères et barèmes de cotation, les modalités d'occupation du logement, le fichier national du logement, etc. Conjointement à leur pétition, ces derniers ont joint une liste portant pas moins d'une trentaine de cas présentant des confusions inexpliquées, voire des bénéficiaires douteux dont des commerçants, des propriétaires terriens et d'autres qui ne résident même pas dans cette commune. Cependant, le clientélisme, le passe-droit, le copinage, les pots-de-vin... sont autant d'entraves souvent mises à l'index par ces derniers qui demandent aussi une enquête approfondie sur la commission d'attribution qu'ils comptent, selon leurs déclarations, ester en justice. Un autre citoyen nous affirme, dans le même contexte, que le sujet mérite qu'on s'attarde sur les critères dictés par la loi en vigueur et qui ne sont jamais respectés par les membres de la commission d'attribution qui sont obsédés par la magouille. “Nos dossiers ne sont déposés que pour être jetés dans de sombres tiroirs où ils sont grignotés par la poussière, et une telle situation n'est pas sans faire monter à la surface toute l'ingratitude de ces décideurs”, tenait à dire une dame qui loge dans une modeste pièce qui présente le paroxysme de précarité, déjà louée chez un particulier et qui se trouve avec trois enfants tous malades à cause des conditions de vie lamentables. Par ailleurs, devant une telle situation qui se veut d'autant plus délicate qu'il est extrêmement urgent de trouver des solutions susceptibles de désamorcer cette bombe à retardement, les autorités locales ne semblent aucunement s'en soucier puisqu'hormis les services de sécurité, celles-ci ont brillé par leur indifférence quant aux plaintes des uns et aux lamentations des autres. R. SALEM