Décidément, à Rahouia, comme à travers les autres localités de la wilaya de Tiaret, la population demeure ballottée entre le passé et le présent en espérant vainement l'avenir. Un constat amer qui ne cesse de se confirmer comme c'était le cas, lundi dernier, quand des dizaines de citoyens étaient regroupés, depuis les premières heures de la matinée, aux abords du siège de la daïra de Rahouia pour crier leur colère quant aux bénéficiaires des 131 logements sociaux dont la liste a été affichée la veille. Organisés autour d'une pétition faisant l'objet d'un recours collectif, ces derniers ont relevé une cinquantaine d'irrégularités, voire des bénéficiaires célibataires, ceux ne répondant pas aux critères d'attribution et ceux directement “parachutés” au détriment de ceux qui subissent les affres de la malvie. Pendant qu'un dispositif sécuritaire important était mobilisé sur les lieux, les protestataires s'obstinaient à camper sur leur position en sollicitant une entrevue avec le chef de daïra, en la qualité de président de la commission d'attribution, qui avait déjà reçu une délégation citoyenne la veille. Peu avant la mi-journée, ce dernier, entouré de certains membres de la commission et des services de la sûreté urbaine, fait son apparition pour écouter cette foule excitée au paroxysme. Un représentant a été ensuite mandaté par les manifestants afin de citer les six points revendicatifs dont nous relevons principalement la venue immédiate du wali de Tiaret, l'annulation radicale de la liste des bénéficiaires, la constitution d'une commission neutre et parallèle à celle de la daïra et la sécurité des protestataires voués à une grève de la faim devant le siège de la daïra. “À quoi peut bien servir la loi si elle n'est pas sérieusement appliquée ? Jusqu'à quand demeurerons-nous dans ce climat de clientélisme et de passe-droit ?” devait conclure ce dernier. Après quoi, le chef de daïra, assurant les citoyens de son idée de vouloir bien faire, dut répondre d'une manière générale et avec diplomatie aux revendications citées. La mobilisation se poursuit Commençant par l'adage qui dit : “Ne commet pas de faute que seul celui qui ne travaille pas” ; le narrateur disait que l'erreur est inévitable dans de pareilles opérations dans lesquelles il est quasiment impossible de satisfaire tous les postulants. “Néanmoins, la loi prévoit des moyens de recours à ceux qui se sentent lésés, mais dans un cadre organisé et responsable”, devait-il déclarer non sans garantir aux protestataires une étude de fond de leurs recours. Dans le même sillage, ce dernier s'est juré d'accomplir sa tâche dans le respect total des lois de la république. S'agissant des 72 logements dont les bénéficiaires ne sont pas encore connus et qui sont, croit-on savoir, versés dans le cadre du programme de recasement des habitations précaires des cités Benouis et Boukhetache, le chef de daïra avait invité la population à s'enquérir du procès-verbal élaboré dans ce sens ainsi que des personnes inscrites (ou recensées) dans ce cadre. Par ailleurs, une quinzaine de personnes avaient observé un sit-in durant toute la journée et toute la nuit de dimanche dernier. Au moment où nous rédigions cet article, les protestataires sont restés immobilisés toujours en bivouac devant le siège de la daïra en menaçant de monter au créneau dans le cas où leurs doléances, en particulier l'annulation des listes, ne venaient pas à se concrétiser. Ainsi, ces derniers, dont la majorité n'ont pas manqué d'indexer le maire, seul à connaître toute la population au cas par cas, menacent aussi d'observer une grève de la faim illimitée. Par ailleurs, durant tout le temps qu'ont duré ces bouleversements, le président de l'APC n'a, à aucun moment, fait son apparition, sachant pertinemment qu'il jouit du statut de premier magistrat de la commune. R. Salem