Les premières chutes de neige ont commencé dès la semaine dernière à blanchir les hauteurs du Djurdjura, avant de descendre vers les villages des communes d'Iferhounène et d'Illiltène notamment, à moins de 700 m d'altitude. Ces localités voient souvent leurs routes les reliant aux villages obstruées. La voie vers Tazmalt via le col de Tirourda et celle vers Akbou en passant par le col de Chellata étaient coupées à la circulation, avant de revoir leur trafic routier rétabli, notamment vers Tizi Ouzou, via Aïn El Hammam. La population a néanmoins toujours en mémoire cet hiver 2005 et appréhende quelque tempête similaire à celle-là même qui avait bloqué la Kabylie pendant plusieurs jours sous une enveloppe de neige, obstruant les routes et mettant dans l'isolement toute une région. Les montagnes offraient alors un spectacle digne de l'ère des mammouths. Les communes, sans moyens véritables de déneigement, avaient connu des heures sombres et de carences, les ramenant au temps maudit où la famine et la maladie frappaient cruellement les populations démunies. Seul l'hiver de 1945 fut aussi rigoureux et difficile, selon les vieilles mémoires du village. Trois ans après, le spectre de cet hiver plane toujours sur les hauteurs, tant les moyens sont dérisoires dans la plupart des communes de cette contrée montagneuse. Les premiers et principaux outils dont les communes concernées ont un besoin impératif sont notamment les chasse-neige et les ambulances. Il faut signaler également l'absence de cantonnement de la Protection civile qui puisse parer à toute éventualité. Le seul existant est situé dans l'autre daïra, à AIn El Hammam. Un projet de création d'une unité de pompiers à Iferhounène existerait mais tarde, malheureusement, à se concrétiser. Le cas de la commune d'Illiltène en dit long. Des malades se sont fait évacuer, de jour comme de nuit, par la camionnette 4x4 de l'APC jusqu'au chef-lieu d'Iferhounène, à 15 km, ou vers Aïn El Hammam, à plus de 30 km, pour des soins appropriés. Ce qui n'est pas toujours une mission facile pour les responsables locaux. Outre l'absence de chasse-neige donc pour la plupart des communes de cette daïra, il faut ajouter les aléas des coupures des réseaux de communication et d'électricité. Contacté à propos d'éventuelle prise de dispositions ou de quelque plan spécifique en prévision de cet hiver, le responsable de la Sonelgaz de AIn El Hammam n'a pas daigné répondre, nous “informant” plutôt de l'existence d'une cellule de communication au niveau de sa direction hiérarchique. La commune d'Illiltène n'est pas encore alimentée en gaz naturel, faut-il le rappeler, alors que cette énergie en butane se fait tant désirer dès l'apparition des moindres flocons blancs. Dans ces régions, il fallut, il n'y a pas si longtemps, porter des malades et des parturientes sur des civières et à dos d'homme pour les sauver d'une mort certaine. Dans ces communes, il fallut, il n'y a pas si longtemps encore, ouvrir des pistes dans la neige et dégager la glace à coups de pioche et de pelle pour acheminer les maigres vivres dont on pouvait disposer dans les alentours… Le paradoxe, la plupart des APC dans cette région disposent d'engins mécaniques, de pelleteuses utiles à des chantiers de travaux publics, comme si l'on devait lancer quelque opération de construction à la mesure de la pénurie nationale du logement ! Des engins qui souvent endommagent l'état des routes, creusant le goudron “jusqu'à la moelle”. Mais selon toute apparence, cela n'a guère servi de leçon, puisque trois ans après l'on déplore le manque de moyens adéquats à ce genre de situation. Et ces moyens dépassent quelquefois les possibilités des APC. K. TIGHILT