Depuis quelques années, les cybercafés sont envahis par des élèves de tous les niveaux. Particulièrement ceux du cycle de l'enseignement moyen (CEM). Leur objectif est simple, la réalisation de leurs exposés et travaux de recherches. En général, ils viennent en groupe pour travailler sur “un projet”. “Chaque fin de semaine, l'enseignante nous demande de faire un projet de groupe. Par exemple, sur un héros de guerre, un acteur ou un footballeur. On va dans un cybercafé et on commence la recherche. Des fois, on trouve ce qu'on cherche et des fois non”, nous racontera Mounir, un élève en 2e année moyenne. Selon les gérants des cybercafés, il y a beaucoup d'élèves qui se présentent dans ces lieux mais il est difficile de les contrôler tous. En général, ce sont les filles qui sont plus intéressées par ces méthodes de recherche. Cette nouvelle méthode s'avère coûteuse financièrement pour les parents et peu efficace sur le plan de l'assimilation. “Je ne comprends pas pourquoi les enseignants ne donnent plus des devoirs à faire à la maison ou des devoirs de recherche dans les livres qui permettent à l'élève d'avoir plus de connaissance, c'est vraiment de l'argent en plus. Je dois donner à mes enfants à chaque fois 200 DA pour aller au cybercafé faire ces devoirs qu'on leur demande à l'école. En plus des cours particuliers que je paye à chaque fin du mois”, dira l'une des mères rencontrée devant un CEM ou étudie sa fille. “Je pense que c'est pour ne pas se casser trop la tête à expliquer aux élèves que nos enseignants n'ont pas trouvé mieux que d'envoyer les élèves dans les cybercafés. Je préfère que mon fils étudie à la maison. Malheureusement, je n'ai pas les moyens de lui offrir l'Internet, chose qui m'oblige à lui donner de l'argent pour faire ses devoirs de l'école qui sont notés en plus”, réclame une autre. Selon ces parents d'élèves et certains cadres de l'éducation nationale, l'élève est censé faire son travail de recherche avec sa touche et son apport personnels au lieu de se contenter d'aller, moyennant une somme d'argent, s'attacher les services de propriétaires de cybercafés qui font le travail de recherche et d'impression et réduisent ainsi les capacités des enfants à développer leurs propres apprentissage et réflexion. Selon certains parents d'élèves, “l'effort personnel ou collectif dans la réalisation d'un exposé scolaire ou d'une recherche est primordial chez un élève puisqu'il l'aide à développer son sens d'apprentissage et de découverte et lui fournit les outils à même de l'aider dans ses futurs travaux scientifiques”. “Les élèves présentent de nos jours des exposés d'une grande valeur scientifique et dans les délais impartis, mais leurs contributions et leurs efforts personnels ne sont pas du tout perceptibles dans les travaux réalisés”, a admis un enseignant. Un instituteur, lui emboîtant le pas, a exhibé un échantillon de recherches réalisées par certains élèves sur le système scolaire, comportant des illustrations, des explications exhaustives qui dépassent de loin leurs aptitudes. “Les élèves s'occupent beaucoup plus de la forme et de l'image que du fond et du contenu”, s'est insurgé un autre enseignant qui affirme, toutefois, exiger de ses élèves de réécrire leurs exposés, afin, a-t-il dit, de les pousser à relire leur travail. À en croire des propriétaires de cybercafés, habitués à ce genre de prestation, les sujets sont préparés à l'avance, selon les matières avant de les imprimer pour l'ensemble des élèves qui postulent pour des exposés. C'est les vacances, les parents commencent déjà à préparer l'argent des cybercafés qui seront sollicités par les élèves qui auront beaucoup d'exposés à préparer pendant cette petite période de vacances scolaires. Un enseignement pas très “net” orienté sur une overdose du Net. Les parents contrôlent-ils leur progéniture dans les cybercafés ? Il est vrai que l'Internet a envahi la majorité des foyers et devenu un moyen de communication qui permet de contacter des gens d'outre-mer, d'avoir des informations et de connaître tout ce qui se passe à travers la planète. Les internautes peuvent, en effet, échanger des informations, faire des connaissances à travers le monde. Cette nouvelle technologie nous a permis d'avoir des informations le plus rapidement possible sans être obligé de solliciter les administrations dont les procédures sont lentes. Elle a permis également à certains de faire leur travail par le biais de la ligne électronique qui fait gagner du temps et de l'argent aux utilisateurs, qui peuvent se documenter ou communiquer avec d'autres personnes en direct en moins de temps et sans débourser beaucoup d'argent. En effet, certains, qui ne peuvent se permettre d'avoir cet outil chez eux, peuvent se déplacer dans un cybercafé afin de satisfaire leur curiosité et leur soif du savoir. Mais l'internet reste une arme à double tranchant. Les enfants sont exposés à toutes sortes de vices : sites indésirables, manipulations et détournements de mineurs. Les parents contrôlent-ils leurs enfants ? Nous avons constaté dans la majorité des cybercafés visités que non. Les enfants sont là connectés à des sites interdits aux moins de 18 ans et d'autres sites indésirables. Les propriétaires des cybercafés ne se soucient que de l'argent à gagner sur le dos de ces enfants non contrôlés et qui peuvent déviés à tout moment. S. O.