N'ayant pas pris part aux réunions en octobre dernier pour la mise en œuvre des dispositions de l'accord d'Alger, le chef rebelle touareg Ag Bahanga confirme son retrait du processus en attaquant samedi un poste militaire malien à Nampala, à 500 km au nord-est de Bamako, faisant beaucoup de victimes. S on installation en Libye au début du mois d'octobre écoulé avait fait couler beaucoup d'encre sur son éventuel retrait du processus de règlement du différend opposant les groupes rebelles touareg au gouvernement malien sous l'égide de l'Algérie conformément aux accords d'Alger signés en 2006. L'attaque, samedi, du poste militaire malien, qui a fait officiellement “9 morts et 12 blessés” dans les rangs des forces armées et “11 morts et de nombreux blessés parmi les assaillants”, et que Ag Bahanga a revendiquée, conforte la vision des analystes de la scène malienne. En effet, tout indique que ce chef rebelle touareg a tourné le dos à la paix. D'ailleurs, les autorités maliennes ont rapidement attribué cette action meurtrière au groupe des rebelles touareg dirigé par Ibrahim Ag Bahanga. Il était également derrière la majorité des actions qui ont visé l'armée malienne depuis août 2007. Ainsi, une source proche d'Ag Bahanga a confirmé l'attaque en affirmant : “Lors de notre attaque, nous avons pris le dessus parce que nous nous sommes préparés. Il y a eu dans les rangs de l'armée plus de 20 morts. Nous le regrettons, mais c'était eux ou nous. De notre côté, nous avons des blessés.” C'est dire que l'intention de rompre le processus de paix n'est pas nouvelle et que tout a été préparé pour casser les efforts de Bamako pour parachever les accords d'Alger. Pour justifier sa position, il arguera du fait que le gouvernement malien traîne dans l'application de l'accord d'Alger de 2006. À signaler que cet accord stipule que les Touaregs ne doivent plus réclamer l'autonomie de leur région tandis que Bamako doit accélérer le développement des régions du Nord. Ag Bahanga, le plus radical des chefs de groupes rebelles, demande, depuis 2007, que l'armée allège son dispositif dans la zone de Tinzawaten, à la frontière avec l'Algérie. Le gouvernement a toujours répondu que ses troupes n'en partiraient pas, arguant qu'il s'agit d'un lieu de transit pour le trafic international de drogue, dans lequel il accuse Ag Bahanga d'être impliqué. Pour rappel, gouvernement et rebelles ont signé un nouvel accord en juillet 2007, mais semblent, depuis, faire un pas en avant vers la paix, deux pas en arrière, dans ces négociations auxquelles ne participent plus, depuis plusieurs mois, le groupe d'Ag Bahanga. Il y a lieu de constater que cette attaque intervient moins d'une semaine après que le président malien Amadou Toumani Touré eut invité les groupes rebelles touareg à “faire la paix”. Le samedi 13 décembre 2008, le chef de l'Etat malien a appelé au “calme” et à “l'unité nationale”, avant d'affirmer : “Personne ne pourra diviser le Mali.” “Je suis formé pour faire la guerre, mais je préfère la paix. J'invite mes frères qui sont dans les montagnes à venir faire la paix”, avait-il notamment dit lors d'un déplacement dans le Nord. Ceci étant, le communiqué publié dans la nuit de samedi à dimanche par le ministère malien de la Défense n'évoque pas les Touaregs armés, mais évoque des “assaillants” liés au trafic de drogue. “Le poste militaire de Nampala a été attaqué par une bande liée aux narcotrafiquants”, affirme la même source. Selon une responsable d'ONG étrangère, “au moins 5 civils maliens ont été tués lors des combats survenus samedi entre des soldats et des rebelles touareg armés qui ont attaqué une garnison de l'armée dans la localité de Nampala”. Merzak T.