L'année 2008 fut surtout une année noire pour l'ex-GSPC, qui a perdu plus de 162 de ses éléments dont 7 “émirs”, parmi eux l'instigateur des attentats du 11 décembre 2007. Même s'ils ont fait plus de victimes civiles durant l'année 2008, soit plus de 90 morts, les attentats de l'ex-GSPC ont amorcé une nette décrue durant cette même période puisque on enregistre 48 attentats, soit la moitié par rapport à l'année 2007. La plupart des attentats qui ont fait, d'ailleurs, 69 victimes parmi les forces de sécurité, tous corps confondus, ont été commis entre janvier et août 2008, mais c'est surtout durant les trois mois de l'été (juin, juillet et août 2008) qu'on a enregistré le plus d'attentats avec 21 attaques qui ont fait plus de 89 morts dont 72 civils. Le mois le plus meurtrier fut le mois d'août où l'on a enregistré 10 attentats, qui ont fait au total 64 civils parmi les citoyens et 7 parmi les membres des forces de sécurité où l'on a, également, enregistré la mort de 34 terroristes durant le même mois. Une nette baisse d'attentats a été enregistrée ces quatre derniers mois (septembre, octobre, novembre et décembre) avec seulement 7 attentats et 11 victimes enregistrées, dont le maire de Timezrit (Béjaïa). Mais contrairement à l'année précédente (2007), où la plupart des attentats ont été perpétrés au centre du pays, l'ex-GSPC s'est fait remarquer durant l'année 2008 dans d'autres endroits du pays, notamment à l'est où l'on a comptabilisé plus de 11 attentats ; la plupart localisés entre Jijel et Skikda, qui ont fait 33 morts entre civils et membres des forces de sécurité, cinq attentats au sud avec 10 victimes, 3 dans l'Oranie avec 11 morts et 26 au centre du pays dont cinq attentats kamikazes avec plus de 102 victimes. L'année 2008 a été marquée aussi par la mort d'un ressortissant de nationalité française travaillant pour la société Razel, tué le 9 juin dans un attentat à la bombe à Ammal (Boumerdès) au même titre que son chauffeur, un Algérien. Par ailleurs, et pour la première fois, un kamikaze étranger, un mauritanien, exécute le 20 août un attentat dans le pays précisément à Bouira, qui a fait 12 morts, tous des civils. D'autres terroristes étrangers (mauritaniens, marocains, nigériens…) sont abattus ou capturés par les forces de sécurité ; l'“émir” de katibat El-Farouk, Bouzegza Abderahmane, alias Abou Assra, dit aussi Ethoulathi, tué le 28 janvier 2008 à Béni Amrane, ainsi que l'“émir” Kaddour Roumane, abattu également à Béni Amrane. Un mois plus tard, c'est l'“émir” Handibal, de son vrai nom Halouane Amrane, principal artificier de la zone 2, qui a été éliminé suivi de l'“émir” Abdi Abdi, alias Hamza de Réghaïa de seriet El-Feth. Le mois d'avril a vu l'élimination de l'“émir” Talha, alias Khemifi Youcef, “émir” de seriet de Ouled Ali, éliminé à Si Mustapha le 2 avril. Deux mois plus tard, soit le 17 juin, le sinistre Tadjer Mohamed, dit Jack, “émir” et financier de katibat El-Arkam et auteur de plusieurs attentats a été abattu sur les hauteurs de Si-Mustapha, à Boumerdès. Un autre “émir”, ancien du GIA, sera éliminé le 1er août 2008, il s'agit de Seghir Mourad, dit “Mourad el pompier” abattu à Benchoud, à Boumerdès aussi. Trente jours après, le chef des kamikazes de Bouira, l'artificier de katibat El-Farouk, Derbal Amar Abderahmane, dit Mourad Abdel Djabber alias Abou Hodheïfa, de Mohammadia (Alger), est abattu à Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira. Mais ce sont surtout les attentats kamikazes qui ont fait des dizaines de victimes qui ont frappé les esprits des Algériens durant cette année 2008. Ainsi, les terroristes d'Al-Qaïda ont débuté l'année 2008 par un attentat-suicide commis le 2 janvier à Naciria qui a tué 4 policiers et en a blessé 20 autres, parmi eux de nombreux citoyens. Il était 6h45 lorsque un kamikaze originaire de la commune de Afir, extrême-est de Boumerdès, fonça avec sa camionnette de type Toyota Hilux bourrée de 500 kg d'explosifs sur le siège de la sûreté de daïra de Naciria. Le 30 janvier, un attentat kamikaze a ciblé tôt le matin le siège de la Brigade mobile de la Police judiciaire (BMPJ) de Thénia, à 15 km à l'est de Boumerdès, provoquant la mort de deux policiers et un citoyen, ainsi qu'une quarantaine de blessés. Le kamikaze, qui était au volant d'un fourgon de type Ford bourré de 600 kg d'explosifs, a tenté de foncer sur la porte du garage du commissariat. Le 8 février 2008, 7 gardes frontières ont été assassinés, dont le chef de patrouille, ainsi que 2 gendarmes lors d'un attentat perpétré par un groupe terroriste de l'ex-GSPC au lieu dit Draâ Rahamine, relevant du territoire de Guemmar, à 70 km de la ville d'El-Oued. Deux jours après, ce sont cinq terroristes qui seront abattus par les forces combinées à Djebel Oum El-Kmakam, dans la région de Ouled Hilal, située dans la commune de Bir El-Ater, à 90 km au sud de Tébessa. Le lendemain, et pour la première fois 5 islamistes dont des étrangers, seront tués par les forces de sécurité dans la région de Tébessa. Il s'agit d'un Libanais, d'un Tunisien et d'un Marocain. Le 28 mars, un kamikaze a été abattu à Sidi El-Houari, un des vieux quartiers d'Oran vers 18h ; il s'apprêterait à commettre un attentat kamikaze vu les explosifs trouvés en sa possession. Le 11 mai, un attentat a coûté la vie à 6 militaires, tués dans une embuscade tendue par un groupe armé islamiste près de Derrak, dans la région de Médéa, à 90 km au sud d'Alger. Un mois plus tard, après l'élimination d'une dizaine de terroristes, 6 soldats de l'ANP trouvent la mort dans l'explosion d'une bombe à Cap-Djinet, dans la wilaya de Boumerdès. 2 terroristes marocains seront abattus début août à Aïn Oumalou, à Tizi Ouzou ; deux fusils de type Kalachnikov ont été récupérés sur les deux terroristes. Quatre jours plus tard, les forces combinées ont éliminé 12 terroristes et récupéré un important lot d'armes à Béni Douala, au sud de Tizi Ouzou. Cette opération spectaculaire a complètement dérouté les groupes terroristes qui ont répondu, le 10 août 2008, par un lâche attentat kamikaze commis au port de pêche de Zemmouri El-Bahri, dans la wilaya de Boumerdès, contre la caserne des garde-côtes ; il a fait 8 morts et 19 blessés, tous des civils. Les terroristes ont tiré, ce jour-là, sur des ambulances transportant des civiles blessés. Une semaine plus tard, un attentat a coûté la vie à 11 membres des forces de l'ordre – 8 policiers et 3 militaires – et un civil, tués dans une embuscade à Skikda. Le même jour, les forces de sécurité ont neutralisé 5 terroristes à Aïn Beïda, dans la wilaya d'Oum El-Bouaghi. Le lendemain, soit le 19 août 2008, un massacre est commis contre des civils aux Issers. Un kamikaze fonce devant le portail de l'école de gendarmerie des Issers sur des candidats à un examen et tuent 43 personnes, toutes des civils. On dénombre plus de 50 blessés. C'est l'attentat le plus meurtrier depuis 1995. Cet attentat est suivi quelques heures plus tard par deux attentats terroristes perpétrés aux environs de 6h à Bouira- ville ; ils ont fait 12 morts, tous des civils, et 42 blessés. Trois jours après, les troupes de l'ANP éliminent 10 terroristes et récupèrent un important lot d'armes à Tarek Ibn Ziyad, près de Aïn Defla. Les mois de septembre, octobre et novembre sont marqués par l'élimination de plus de 30 terroristes, alors qu'on déplore 5 gardes communaux et un GLD, âgés de 33 et 59 ans, assassinés la veille de l'Aïd au douar Ledjmal, daïra de Theniet El-Had (Tissemsilt). Ainsi, par rapport aux années précédentes, on remarque un affaiblissement des activités terroristes, notamment durant ces quatre derniers mois, mais l'ex-GSPC, qui dispose de ses capacités de nuisance, reste encore dangereux. M. T.