Chars et fantassins israéliens sont entrés dans Gaza. L'offensive terrestre était attendue, elle a commencé samedi soir. Et malgré les disproportions, les chars israéliens n'ont pas tardé à affronter l'artillerie, les obus et les bombes du Hamas. Pourtant, les stratèges israéliens avaient pris soin de mettre à feu Gaza durant une semaine de bombardements ininterrompus par air et par mer. Des explosions et des échanges de tirs ont été entendus dans la nuit de dimanche dans plusieurs secteurs de l'enclave. Les troupes israéliennes appuyées par des hélicoptères Apache avançaient difficilement et des experts craignent déjà le dernier syndrome libanais. Israël pensait régler le compte du Hezbollah libanais en un tour de main. Mal lui en a pris, Tsahal y a reçu sa première déculottée face aux Arabes. “Cette opération ne sera pas facile. Elle sera élargie et intensifiée autant que nécessaire”, a affirmé le ministre de la Défense Ehud Barak lorsqu'il a sonné l'entrée de ses fantassins et chars dans Gaza. Guerre de communiqués : Hamas affirme la mort de 9 soldats israéliens au lancement de l'offensive terrestre. L'armée israélienne nie et reconnaît 28 blessés, dont un officier gravement atteint. Hamas dit avoir capturé 2 soldats, Tsahal dément. L'armée israélienne dit être aux portes de la ville de Gaza, à plusieurs kilomètres de la frontière. Hamas l'attend avec fermeté et détermination d'autant plus que ses milices sont aguerries en matière de guérilla urbaine. En outre, Hamas menace de reprendre ses opérations kamikazes, ce que redoute par-dessus tout Israël. La branche armée du Hamas a juré de faire payer l'assassinat d'Abou Zakaria al Djamal, un de ses chefs. Il a fallu une vingtaine de raids aériens pour tuer Abou Zakaria ! Une autre branche armée de Hamas, les brigades Al Kassam, a prévenu que des soldats israéliens seront capturés. Le cauchemar des dirigeants israéliens. “L'ennemi sioniste doit savoir qu'il va perdre la bataille de Gaza”, a mis en garde Abou Oubaida. Les Israéliens se tiennent le ventre. Le gouvernement a ordonné le rappel sous les drapeaux de dizaines de milliers de réservistes pour son offensive terrestre. Ceci étant, face à l'offensive terrestre d'Israël, le Hamas dispose de plusieurs milliers de combattants, dont l'armement a été renforcé par les stocks abandonnés par son rival, le Fatah. L'organisation islamiste a ainsi récupéré des armes légères de fabrication américaine et des munitions, selon un rapport sur le Hamas préparé par un pays occidental. Le Hamas, toujours selon ce rapport et les conclusions de l'Institut pour la politique du Proche-Orient, de Washington, a aussi acquis des missiles antichars et a appris du Hezbollah lors de la guerre de l'été 2006 au Liban, essentiellement le minage des routes et les tactiques de guérilla. Ses principales armes contre Israël restent cependant les roquettes de types Qassam et Grad, de fabrication chinoise. Des milliers de ces engins ont été tirés sur Israël depuis que le Hamas a pris le pouvoir à Gaza en juin 2007, et c'est la raison avancée par Israël pour l'actuelle campagne à Gaza. Depuis le début des bombardements aériens le 27 décembre, plus de 500 roquettes ont été tirées par le Hamas vers le sud d'Israël, atteignant des localités comme Ashdod, à 30 km de la frontière, et Ashkelon, à 13 km au nord de Gaza. Le chef des services spéciaux, le Shin Beth, Yuval Diskin, a averti le cabinet cette semaine que le Hamas dispose désormais de roquettes d'une portée de 40 km. Les militaires israéliens estiment que les composants nécessaires à l'assemblage de centaines de ces engins ont été introduits à Gaza par les tunnels de contrebande avec l'Egypte — dont beaucoup ont été détruits cette semaine par l'aviation israélienne. Le Hamas peut compter sur environ 13 000 combattants, selon des experts israéliens, parmi lesquels un noyau d'élite d'un millier d'hommes, les brigades Ezzedine al-Qassam, dont le niveau d'entraînement égale celui des combattants du Hezbollah. C'est dire que l'offensive terrestre israélienne ne sera point une promenade de santé pour les soldats israéliens. D. Bouatta/Agences