Prise en étau entre Israël et l'Egypte de Moubarak, coincée entre la mer et le désert, la bande de Ghaza ressemble de plus en plus à un camp de concentration à ciel ouvert. Les chars israéliens se sont déployés hier sur plusieurs axes, dans la ville, où des combats les opposaient à des activistes du Hamas, le mouvement palestinien se disant déterminé à mettre en échec l'offensive terrestre israélienne. Les troupes israéliennes, appuyées par des bombardements de l'artillerie, de l'aviation et de la marine de guerre, ont avancé dans plusieurs secteurs du territoire palestinien où elles ont pénétré samedi soir. Des dizaines de familles fuyaient le secteur vers le Sud en voiture ou dans des camions à l'approche des blindés israéliens, selon des témoins cités par des agences de presse. Les blindés israéliens ont également coupé un important axe routier à hauteur de Jabaliya et Beït Lahya, dans le nord de la bande de Ghaza, ainsi que près de Boureij, dans le Centre. C'est là que se sont déroulés les plus violents combats entre les soldats israéliens et les combattants palestiniens, essentiellement du Hamas. Des colonnes de fumée se dégageaient de plusieurs sites frappés par l'armée israélienne. Selon les services d'urgence, trente Palestiniens ont été tués par des obus de char ou des raids aériens israéliens hier à l'aube. « Trente Palestiniens ont été tués ce jour, dont des femmes et des enfants, et plus de 200 autres blessés », a affirmé le chef des services d'urgence palestiniens, Mouawiya Hassanein. Cinq autres Palestiniens d'une même famille ont été tués hier par un obus de char israélien tiré sur leur voiture près de Ghaza-ville, ont indiqué des sources médicales palestiniennes. Les cinq personnes, dont une fille de quatorze ans, sont décédées lorsque leur voiture a été touchée par un obus tiré par l'un des chars israéliens qui ont pris position sur le site de l'ancienne colonie juive de Netzarim, à 3 km au sud de Ghaza-ville. La chaîne de télévision Al Jazeera a fait hier état d'un soldat israélien tué. En plus de l'avancée des chars, les avions de guerre israéliens ont repris leurs attaques meurtrières, frappant des cibles partout sur le territoire, dont une mosquée et une station de télévision. La branche armée du Hamas, les brigades Azzedine Al Qassam, a affirmé que ses combattants faisaient « face aux forces israéliennes, leur infligeant de lourdes pertes ». « Le temps montrera à quel point Ehud Barak a été stupide en décidant d'une opération terrestre à Ghaza », a affirmé le groupe dans un communiqué. Le Hamas a en outre qualifié de « farce » l'incapacité du Conseil de sécurité de l'ONU à s'entendre, après quatre heures de discussions, sur un texte appelant à la fin des hostilités à Ghaza, essentiellement en raison de l'intransigeance des Etats-Unis. Pour le Hamas, la réunion du Conseil de sécurité, samedi soir, a pris des allures de « farce » : les membres du Conseil de sécurité n'ont pas réussi à se mettre d'accord sur un texte appelant à un arrêt des combats. Son président, l'ambassadeur de France Jean-Maurice Ripert, a fait état de convergence de vues « pour appeler à un cessez-le-feu immédiat, permanent et respecté ». Il a aussi mentionné la nécessité de « protéger la population civile » et de « permettre et faciliter la fourniture d'assistance humanitaire » à Ghaza. Mais l'ambassadeur adjoint des Etats-Unis, Alejandro Wolff, a rappelé la position de Washington, faisant porter au Hamas et à ses tirs de roquettes la responsabilité de la situation.