Le théâtre algérien s'inspire d'œuvres universelles. Demain, après-demain et vendredi, l'antre de Bachtarzi recevra le théâtre El Moudja de Mostaganem pour des représentations de l'adaptation d'Amin Maalouf, intitulée “L'Amour de loin”. Sans transition, le 21 janvier prochain, El Afsa de Tlemcen adaptera Mrozek au TNA. Le Théâtre national algérien Mahieddine-Bachtarzi reçoit cette semaine la coopérative El Moudja de Mostaganem pour une série de représentations sur ses planches. El Moudja, qui a fêté, en septembre dernier, ses 30 années d'existence et qui a contribué à créer des générations de praticiens du théâtre, est venue présenter au public algérois sa dernière production intitulée L'Amour de loin. Une adaptation signée l'universitaire Mohamed Chergui, d'après l'opéra éponyme, en cinq actes, d'Amin Maalouf. Admirable conteur, Amin Maalouf raconte dans son opéra l'amour pur entre Jaufré Rudel, prince de Blaye (en Aquitaine) et la princesse de Tripoli. Un amour de loin et lointain, et une passion dévastatrice qui mène Jaufré à sa perte. Incarnant l'Occident et l'Orient, le lien entre les deux amoureux s'évapore à mesure qu'ils se rapprochent l'un de l'autre. Dans son adaptation algérienne “version El Moudja”, L'Amour de loin est transformé en pièce théâtrale, que M. Chergui a transformée en poésie populaire. De son côté, le metteur en scène, Djilali Boudjemaâ, également directeur du Théâtre et de la coopérative, a choisi cette pièce, parce que “j'ai aimé cette histoire d'amour, largement symbolique”, déclare-t-il, en ajoutant : “On n'a gardé de l'opéra original que la relation amoureuse car notre pièce s'inscrit dans un contexte algérien. En fait, on a pris l'idée et on a fait tout un travail sur le texte, le transformant ainsi en poésie populaire.” Mais l'histoire sur le choix de la pièce, que nous a racontée un des membres d'El Moudja, est encore plus original. En fait, un jour, alors qu'il était dans le bus, une jeune femme a laissé tomber un livre en descendant à son arrêt. Ce livre, c'était L'Amour de loin d'Amin Maalouf. Le jeune homme ramasse le bouquin, le lit et le propose à Djilali Boudjemaâ. Ce dernier le lit à son tour, tombe amoureux de l'histoire et décide de la mettre en scène. Pas de panique : la jeune femme a récupéré son livre, tout en rendant un grand service à El Moudja. La pièce sera donc représentée demain à partir de 19h, dans l'antre de Bachtarzi. Elle est également programmée après-demain, jeudi à 15h, et vendredi à 16h. Par ailleurs, le 21 janvier prochain, ce sera au tour de la coopérative El Afsa (l'astuce) de Tlemcen d'occuper la scène du TNA, pour la représentation générale de la pièce Une rencontre au hasard, également une adaptation, signée cette fois Abdelkrim Gherbi, d'après une nouvelle du dramaturge polonais Slawomir Mrozek. Mise en scène par Ali Abdoun, Une rencontre au hasard met en scène trois protagonistes, Amine Missoum, Mourad Khan et Warda Saïm en l'occurrence, qu'il rencontre un soir au hasard, dans une ville… algérienne. Tous trois se cherchent et tous trois veulent mourir. Ils auront toute une nuit pour changer d'avis, entre autres grâce à la scénographie du très talentueux Yahia Ben Ammar, sur des airs de musique signée Mounir Dendane.Dans la même perspective d'adaptations auxquelles s'adonnent les auteurs de théâtre, Mourad Snouci, de la troupe Les anciens du lycée Hammou-Boutlilisse, a qui on doit notamment le texte de Moutazaouedj fi outla (un mari en vacances), prépare pour le Théâtre régional d'Oran, l'adaptation du roman L'Attentat de Yasmina Khadra. Le texte sera finalisé en avril prochain et la pièce verra le jour en mai, et coïncidera certainement avec le Festival national du théâtre professionnel d'Alger, dans son édition spéciale El Qods, où toutes les pièces devront être des adaptations d'écrits sur la Palestine… meurtrie.L'année 2009 s'annonce donc prometteuse pour le théâtre algérien. Sara Kharfi