Après l'importante hausse déjà enregistrée durant l'année 2007, voilà que la courbe de la criminalité sous toutes ses formes dans la wilaya de Tizi Ouzou note une nouvelle croissance pour l'année 2008 comme le démontre le bilan présenté avant-hier par le commandant du secteur de la Gendarmerie nationale à Tizi Ouzou, le colonel Benazouz, au cours d'une conférence de presse. Alors que le nombre total d'affaires traitées était de 2 124 durant l'année 2007, soit une hausse de 411 affaires par rapport à l'année 2006, durant l'année 2008 la gendarmerie a eu à traiter 2 384 affaires au total, soit 260 supplémentaires comparativement à 2007. Avec un taux de 11,3% du total des cas traités, les affaires criminelles ont connu une légère hausse par rapport à l'année 2007 durant laquelle le taux des affaires criminelles représentait 10,1% du chiffre global des affaires enregistrées par la gendarmerie à Tizi Ouzou. Implicitement, le bilan présenté hier par le commandant du groupement de la gendarmerie dans la wilaya dénote une nouvelle dégradation de la situation sécuritaire dans la région. Dégradation de la situation sécuritaire ? Le colonel Benazouz ne partage guère cet avis. Pour lui “la situation sécuritaire dans cette wilaya a connu une amélioration sensible” et la hausse du nombre des affaires traitées est plutôt le résultat de l'implication de plus en plus importante de la gendarmerie sur le terrain. Une implication qui va d'ailleurs croissante, a-t-il souligné, à fur et à mesure que le redéploiement du corps de la gendarmerie se concrétise sur le terrain. Mais au sujet de ce redéploiement, annoncé déjà depuis plus d'une année, Benazouz s'est refusé de fournir le moindre détail. “Pour des raison sécuritaires”, dit-il. Le conférencier s'est contenté de déclarer que la gendarmerie sera présente dans les 67 communes que compte la wilaya de Tizi Ouzou tout en soulignant que même actuellement avec seulement 6 compagnies et 20 brigades, ce corps couvre tout le territoire de la wilaya. Même le dossier des 14 nouvelles brigades dont l'ouverture a été annoncée l'année dernière pour 2009 a été subtilement éludé par Benazouz qui a d'ailleurs, contrairement au rapport présenté en 2007, évacué tout le chapitre relatif à la couverture sécuritaire de son bilan d'hier. “La réalisation des nouvelles brigades est à sa phase technique”, a-t-il toutefois souligné. Soit le même réponse que celle fournie l'année dernière. Abordant le terrorisme, ce sujet brûlant de la scène locale ces trois dernières années, le colonel Benazouz, plus prudent que jamais, répondra laconiquement que “le nombre de terroristes en activité est en baisse” et que “la lutte antiterroriste se poursuit toujours d'une façon intense”. En abordant ce sujet, le conférencier a plutôt préféré mettre l'accent sur le rôle de la population dans la lutte contre le terrorisme et contre la criminalité de façon générale. “Quels que soient les moyens matériels dont nous disposons, on ne pourrait être efficace sans la précieuse et indispensable collaboration du citoyen”, expliquera-t-il. À la question si justement le citoyen peut continuer à collaborer avec les services de sécurité même après le communiqué placardé à Aïn El-Hammam par Al-Qaïda au Maghreb qui menace de mort tout citoyen qui collabore de près ou de loin avec ces services, le premier gendarme de la wilaya de Tizi Ouzou répondra, confiant, et de façon tranchante que “tout comme le mal qui n'a jamais pris le dessus sur le bien, les menaces des terroristes ne pourront jamais avoir raison du courage de la population qui a combattu le terrorisme depuis son apparition”. Interrogé sur son appréciation des rapports, jusqu'à un passé récent tendus, entre le corps qu'il dirige et la population de Kabylie, le commandant de secteur de la gendarmerie considère que les rapports avec la population locale se sont nettement améliorés et pour preuve, dira t-il, “les nombreuses requêtes émanant des villageois qui demandent l'implantation de brigades dans leurs régions”. Samir LESLOUS