Pendant les dix premiers mois de l'année 2008, le volume des échanges entre les deux pays a atteint 3,7 milliards de dollars. À deux mois de la fin de l'exercice 2008, le volume des échanges entre l'Algérie et la Turquie a atteint 3,7 milliards de dollars. Notre pays a exporté pour un montant de l'ordre de 2,7 milliards de dollars vers la Turquie. Ces exportations sont essentiellement des hydrocarbures. Les importations algériennes à partir de ce pays, en revanche, ont été estimées pendant les dix premiers mois de l'année 2008 à plus de 962 millions de dollars. Les produits turcs introduits sont surtout des équipements électriques et des produits alimentaires. Les statistiques turques indiquent par contre que le volume a dépassé les 5 milliards de dollars. Cette sorte de contradiction sur les chiffres trouve son origine en fait dans l'addition du secteur informel que les autorités turques ont jugé utile de rajouter. Les deux Etats évaluent le marché parallèle caractérisé par le “commerce du cabas”, une activité qui n'emprunte pas le circuit officiel et échappe aux douanes, entre 500 millions et un milliard de dollars. Depuis la signature d'une convention de partenariat en mars 1979, les relations économiques et commerciales des deux pays ont connu une évolution importante. Une tendance que les hommes d'affaires et les responsables des deux pays comptent maintenir pour l'avenir. C'est ce qui est d'ailleurs sérieusement envisagé par le conseil d'affaires algéro-turc qui a tenu sa 11e édition, hier, à Alger. Du côté algérien, l'on souhaite que le volume des échanges puisse augmenter davantage en diversifiant aussi les secteurs en dehors des hydrocarbures. La partie algérienne espère encore attirer plus d'investisseurs turcs avec, en prime, un transfert de technologie qualifiée d'“intéressant”. Par ailleurs, l'Algérie peut servir de base d'exportation des produits turcs fabriqués chez nous vers les zones de libre-échange auxquelles appartiendra notre pays. L'on peut citer la zone arabe de libre-échange et l'Association européenne de libre-échange (AELE). La Turquie, qui compte arracher des parts de marché en Afrique, s'appuiera sur l'Algérie qui se veut une porte ouverte vers ce continent. Une chose est certaine, dirigeants et hommes d'affaires des deux pays ont montré leur intérêt pour améliorer encore plus les relations bilatérales économiques dans plusieurs domaines. “Les opérateurs économiques des deux pays partagent un grand avenir commun”, souligne M. Emre Aykar, coprésident du conseil d'affaires. Objectif : un volume des échanges de 10 milliards de dollars à l'horizon 2012 Il avoue que l'objectif recherché est d'arriver à réaliser un volume avoisinant les 10 milliards de dollars à l'horizon 2012. Ce but peut être, selon M. Aykar, aisément atteint par les potentialités que recèlent les deux pays ainsi que les opportunités de partenariat existantes. “Les deux économies sont complémentaires. Car, l'Algérie sollicite et attire les investissements turcs tout en étant fournisseur de la Turquie en matière de besoins en énergie”, précise-t-il. Toutefois, la pêche, la pétrochimie, la téléphonie, le phosphate… sont autant de secteurs qui méritent d'être renforcés et approfondis à travers des partenariats. Les Turcs demandent en outre un début des négociations pour la signature d'un accord de libre-échange entre les deux pays afin d'augmenter le volume des échanges et le niveau de leurs investissements en Algérie évalués à 350 millions de dollars. En ce qui concerne le secteur de l'habitat, les projets réalisés par les sociétés turques dans notre pays, en partenariat avec les opérateurs algériens, sont d'une valeur globale de 2 milliards de dollars. Néanmoins, les Turcs soulèvent un certain nombre de contraintes freinant l'exercice de leurs activités en Algérie. Il s'agit de l'épineux problème de caution bancaire qui n'est toujours pas reconnue par les banques algériennes. Ce qui pousse les sociétés turques à prendre contact avec plusieurs banques intermédiaires pour faire valider leur caution. Conséquence : le nombre d'intermédiaire augmente et la compétitivité des entreprises turques est amoindrie. L'autre contrainte relevée a trait aux cotisations des employés turcs activant en Algérie. Ceux-ci paient doublement, à la fois en Turquie et en Algérie. Ils suggèrent ainsi un paiement unique soit en Algérie soit en Turquie. La procédure d'obtention du visa et du permis de travail gagnerait, constatent-ils encore, à être facilitée et accélérée. Pour M. Köksal Toptan, président de l'Assemblée nationale de la République de Turquie, ces problèmes sont en voie d'être réglés. Concernant la caution bancaire, il affirme que la difficulté réside dans les banques turques et que les Algériens n'ont rien à voir dans tout cela. Il annonce la visite du chef du gouvernement turc en Algérie en mai prochain et celle d'une délégation en mars prochain. Badreddine KHRIS