Les amateurs d'électro et les clubeurs invétérés ont certainement dû bouger sur sa zik. Mohamed, de son vrai nom, se fait appeler Deejay Mcut derrière les platines. Le mois prochain sort son tout premier album, Is Too Late, 5 titres en featuring avec la graine de star Amine Hanni… l'hiver promet d'être chaud ! Agé de 22 ans, c'est en 2003 que Mohamed commence à mixer. Rnb, pop, hip hop, rap, il a, depuis toujours, la musique dans le sang et le rythme dans la peau. Après avoir produit et mis sur le marché quelques Mixtapes (compilations de tubes mixés et enchaînés), le jeune DJ passe la vitesse supérieure en se mettant à la composition en 2007. Il crée alors son propre son : de l'Electro-House-Clubbing… made in Algeria. La même année, il fait une rencontre qui marquera un tournent décisif dans son parcours artistique, celle d'Amine Hanni, un jeune chanteur algérien à la voix de velours, et que le public a découvert grâce à l'émission radiophonique de la Chaîne III, “Turbo Music” (qui part chaque année à la conquête de jeunes talents). Le DJ est impressionné par le potentiel vocal d'Amine, “il a une voix en or”, nous avoue-t-il. De cette rencontre naîtra un titre qui fera beaucoup de bruit… le genre de bruit qui vous met en transe : Is Too Late (c'est trop tard). Un rythme entraînant, un air accrocheur, une voix envoûtante, la chanson a tout pour devenir un tube. Le titre a fait le tour des radios, piscines et autres clubs durant l'été 2008. Pour DJ Mcut, cette chanson est, à double titre, le point de départ : “C'est grâce à un ami guitariste que j'ai rencontré Amine, il avait écris Is Too Late et il en a fait à la base un titre funky destiné à son album, j'ai remixé le titre à ma manière, c'est de là que tout a commencé.” Ce n'est effectivement que le début, puisqu'à la fin février 2009 sort le tout premier album de DJ Mcut en featuring avec le jeune chanteur à la voix chaude. L'opus contiendra 5 titres dont celui qui a permis au tandem de se faire connaître, Is Too Late (également le nom de l'album). Des chansons en anglais toutes écrites par Amine composeront cet album très attendu. Alors que le compositeur est habituellement ou généralement rétrogradé au second plan par l'interprète, cette fois, Dj Mcut est sous le feu des projecteurs au même titre que le chanteur dans le monde élctro. Ailleurs, il n'est pas rare qu'un grand DJ (musicien-producteur) fasse appel à des “voix” pour donner vie à ses morceaux (Bob Sinclar, David Vendetta, David Guetta, etc.). En Algérie, ils sont trois à être – plus ou moins — sortis de l'ombre : DJ Starlight, DJ MHD et DJ Mcut. Et à propos d'une hypothétique concurrence qu'il y aurait entre eux, Mcut réfute : “Il n'y a pas véritablement de concurrence entre nous, chacun à son propre style, son propre son, il nous arrive d'ailleurs de remixer les compos des uns et des autres, chacun de nous est différent.” Il paraît évident que cet art fasse appelle aux collaborations, aux rencontres, aux fusions même. DJ Mcut ne perd pas de temps, il prépare déjà son nouvel album. En plus d'Amine Henni, il collaborera dans le prochain opus prévu cet été avec d'autres talents : Meriem Lazali (finalise de la première édition d'“Alhane Wa Chabab”), Joe Batouri (leader du groupe Sakia et chanteur de musique gnawi), Manel (une ancienne choriste) et Inesse (une jeune chanteuse camerounaise). Il est vrai qu'il n'est pas facile de percer en Algérie lorsqu'on fait de l'électro, de la house, du jaz ou du RnB, surtout quand le raï règne en maître absolu chez les disquaires et le cœur des directeurs de maison de disque… On ne manquera certainement pas d'ailleurs de décourager ces jeunes tels que DJ Mcut, Amine Henni, Djezma, Contraste et bien d'autres… en reprochant, à cette nouvelle scène algérienne, de manquer d'algérianité. Mais qu'est-ce que l'algérianité ? À méditer. Ziad Achour