“J'ai annoncé ce jour mon retrait définitif de l'ANR. Ce n'est pas néanmoins de gaieté de cœur que j'ai pris cette décision, partageant en cela la crainte de certains de nos membres fondateurs les plus respectés que la crise actuelle du multipartisme et, plus profondément, celle du militantisme en général, ne dévaluent complètement la pratique partisane, et ne la réduisent à un simple alibi du pluralisme politique”, a affirmé le président de l'ANR, M. Rédha Malek, dans un communiqué rendu public hier. “L'ANR est d'autant moins exempte d'un tel danger qu'elle a toujours placé haut la barre : autonomie vis-à-vis du pouvoir, rectitude morale, rigueur intellectuelle, vocation éducatrice privilégiant la formation citoyenne sur les jeux politiciens”, poursuit-il. Et d'ajouter : “Face à la gravité de l'enjeu, il appartiendra à nos militants d'y réfléchir et d'en tirer toutes les conséquences. À moins qu'ils n'optent pour une initiative plus radicale, celle de la rupture avec les moules préétablis pour forger de leur propre cru une dynamique nouvelle où ils puissent redécouvrir les vertus exaltantes du militantisme tout autant que la justesse des idéaux de l'ANR. On devinera, certes, dans un contexte peu propice à l'innovation et à la créativité, à quelles difficultés s'exposerait pareille perspective. mais l'émergence d'une relève digne de ce nom est à ce prix.” Avant de conclure : “Et de relever un tel défi, ne serait-ce pas, au fond, le meilleur hommage qu'on puisse rendre à l'esprit de l'ANR et à sa filiation révolutionnaire du 1er Novembre 1954 ?”