Parmi les propositions fortes de la Gendarmerie nationale au gouvernement, la reconsidération des peines d'emprisonnement dues aux graves délits sur la route, comme la mort d'homme Désormais, la création d'une entité, sous forme d'observatoire national, dépendant directement du Premier ministre est incontournable. Cette structure aura à coordonner l'action des services de sécurité, notamment la Gendarmerie nationale (GN), à travers le CICR (Centre d'informations et de coordination routière), et de conjuguer les efforts afin de venir à bout de l'hécatombe routière et de sévir, le cas échéant, contre les multirécidivistes, les nouveaux chauffards, mais surtout réguler la circulation routière afin de s'adapter au schéma directeur à l'horizon 2025. C'est ce qui ressort de la conférence de presse animée, hier, par le commandant du CICR de Bouchaoui, le colonel Kedour Djebar, à l'occasion de la présentation du bilan des accidents de la circulation et de l'activité de la GN durant l'année 2008. En effet, cet observatoire permettra de passer à la vitesse supérieure dans la lutte contre l'insécurité routière qui a causé la mort de 3 468 personnes et en a blessé 41 699 autres dans 24 207 accidents en 2008. Un chiffre qui donne froid dans le dos quand on sait les retombées fâcheuses sur la vie des citoyens, mais aussi sur l'Etat qui débourse des sommes astronomiques pour la prise en charge des victimes. Le colonel Kedour Djebar n'ira pas par trente-six chemins pour mettre à l'index le facteur humain, comme cause principale de ces sinistres qui continuent à endeuiller des familles entières. Pour preuve, l'homme est responsable de 18 456 accidents en 2008. L'homme est également, en sa qualité de piéton, responsable de 2 758 sinistres ! Cela sans compter les causes inhérentes à l'environnement (1 463 cas) et à l'état des véhicules (1 530 cas). Bien plus, le colonel Kedour Djebar révélera que 90% des conducteurs verbalisés ne payent pas leurs procès. Un chiffre important sachant que le Trésor public accuse une perte sèche de près de 260 milliards de centimes par an. En ce sens, le conférencier dira que plus de 3 millions de contraventions, de délits et d'amendes forfaitaires ont été constatées en 2008, ce qui suppose une rentrée conséquente d'argent pour le Trésor public et, partant, une dissuasion pour les automobilistes à commettre moins d'accidents. Mais les faits sont là : seule l'année 2006 a été “clémente” car elle constituait l'année de mise en vigueur du nouveau dispositif de répression contre les chauffards. Depuis, l'automobiliste a adopté un autre comportement plus agressif, y compris contre les dispositifs de lutte contre l'insécurité routière, comme l'excès de vitesse qui continue à tuer même dans les centres des grandes villes. À titre illustratif, on note 221 496 retraits de permis de conduire, soit 85 863 de plus que 2007, dont 55 628 annulations définitives de capacité de conduite. Sur ce chiffre global, 31 793 automobilistes captés par les radars ont fait l'objet de retrait de permis sont dus au non-respect de la vitesse limitée, et 19 109 automobilistes repérés par les tachymètres et qui ont également fait l'objet de mesures répressives. Du coup, la GN préconise de passer à un autre cap : celui de réprimer sans complaisance aucune les délits relatifs aux accidents de la route. “Il faut alourdir les peines pécuniaires d'abord. Ensuite, il faudra alourdir les peines d'emprisonnement, actuellement de 6 mois à 3 ans, pour passer de 1 an à 5 ans. Il faut plus d'autorité, mais tout le monde doit s'impliquer. Nous proposons également de comptabiliser les morts et les blessés 30 jours après le sinistre pour donner le chiffre exact, car actuellement nous ne donnons que les chiffres constatés sur les lieux de l'accident”, dira le colonel Kedour Djebar. Celui-ci annoncera l'installation de 400 nouveaux radars, de caméras de surveillance sur les axes routiers, pour notamment identifier les personnes recherchées et les véhicules volés, et la multiplication de pelotons au niveau des autoroutes et des routes à grande circulation. Et si pour le moment 7 500 motocyclistes, 2 000 véhicules de police, 130 radars, 90 tachymètres et 165 éthylotests ont été déployés, il n'en demeure pas moins que l'automobiliste continue à mourir et à tuer sur les routes. C'est dire toute la tâche lourde qui attend le CICR avec notamment la prochaine ouverture des trois nouvelles rocades d'Alger, de l'autoroute Est-Ouest et de la grande rocade des Hauts-Plateaux. “Nous sommes prêts pour gérer la sécurité routière sur ces nouveaux axes”, affirme le colonel Kedour Djebar qui met en-avant la nécessité d'une meilleure coordination entre tous les organismes de l'Etat pour arriver à des résultats probants. FARID BELGACEM