“La crise multiforme que nous traversons est une conséquence du système capitaliste tel que nous l'avons vécu jusqu'à maintenant.” C'est par cette citation liminaire empruntée à l'économiste Galbraith, que le professeur Omar Aktouf a entamé sa conférence sur la mondialisation devant les étudiants de l'Institut des sciences de gestion, d'économie et de commerce de l'université Yahia-Farès de Médéa. Au cours de ses développements relatifs aux différentes théories économiques en remontant jusqu'au philosophe grec Aristote qui a dit, à son époque, qu'on ne peut pas faire de l'infini dans le fini, c'est-à-dire qu'on ne peut pas continuer à exploiter les richesses naturelles de la terre indéfiniment, pour enfin, aboutir aux théories du management qui, a-t-il souligné, ne sont rien d'autre que des applications de l'idéologie néolibérale. Et d'expliquer que la crise est aussi une conséquence de cette logique reposant sur des abstractions déconnectées de l'économie réelle, ne tenant pas compte de l'individu, la reconduction des concepts utilisés par la théorie économique, pour se situer dans la sphère des processus (production, distribution, etc.). Il s'agira, dira-t-il, de repenser l'économie en revisitant J. M. Keynes qui a posé les fondements d'une théorie qui a permis de régler la crise de 1929. Théorie qui a inspiré la création des instances de Bretton Woods en 1944 (FMI, BM, GATT) pour mettre de l'ordre dans les marchés. Et de citer cette déclaration prémonitoire faite par l'économiste quelques années plus tôt : “Etant donné que nos dirigeants sont incompétents et pervers, notre système de civilisation est en train de s'écrouler.” Tout au long de son analyse, Aktouf recommandera de ne pas construire l'économie sur le modèle américain dominé par le capital financier adossé essentiellement à la spéculation. “Lorsque 3 milliards d'individus – soit la moitié de la planète – vivent avec moins de 3 dollars par jour, que 225 milliardaires possèdent l'équivalent de l'avoir de 2 milliards de personnes, que 51 sociétés figurent parmi les 100 premières économies du monde, que l'économie mondiale est à 90% spéculative, que la masse financière (hors actions et obligations) circulent quotidiennement représente 10 fois la valeur des réserves cumulées de toutes les banques centrales du monde… est-on encore loin du non-sens absolu?” L'Etat est un agent économique régulateur qui doit s'occuper de l'économie, notamment en Algérie où il n'y a pas d'épargne et les salaires encore faibles. M. EL BEY