Musique, danses et chants, tous étaient au rendez-vous à la maison de la culture Mohamed-Laïd-Al-Khalifa de Batna, jeudi dernier à 19h. Ce somptueux spectacle artistique était l'œuvre de l'Orchestre symphonique national, de la chorale polyphonique et du ballet Espoir. Les spectateurs ont goûté non seulement à cette musique du terroir, héritage de nos lointains ancêtres, mais aussi à la musique universelle. Batna a vibré aux sons de l'art ! Au brouhaha des instruments que l'on accorde, toute la salle archicomble se tait, retient son souffle, tout devient ordonné, précis, harmonieux. Un fantastique voyage dans le grand univers de la musique s'annonce. De son podium, le chef d'orchestre, le maestro Rachid Saouli, par des gestes de la main et de sa baguette, envoie la musique. Des musiciens, aux gestes faciles, mais combien répétés, s'attaquent à la farandole de Georges Bizet. Ô combien sublime ! Délassant ! Magnifique ! Aux premières sonorités, la salle perd pied. Complètement envahie, elle nage dans l'abstraction sonore. Des cordes, des bois, des cuivres et des percussions qui savent s'écouter, comme dans un dialogue, ces instruments n'ont pas joué tous en même temps et ont réussi à créer de sublimes sonorités dans les oreilles et à donner un grand plaisir au cœur. À peine le morceau de musique joué, la salle en connaisseur ne prive pas l'orchestre de ses applaudissements nourris. La première escale consommée, les entichés de la musique et des danses folkloriques embarquent tout de suite pour un autre voyage chez les hommes Bleus du Hoggar. Accompagnés aux sons d'une musique suavement jouée par l'orchestre, cinq danseuses et cinq danseurs habillés en Terguis exécutent une danse tindi, euphorique, aux gestes acrobatiques et expressifs. Très vite, une complicité est née entre les danseurs et les spectateurs. Le tableau Hoggar tindi d'Abdelwaheb Salim nous a plongés tous profondément dans les racines. C'est la transe ! Pour tempérer l'atmosphère, le maestro et la cinquantaine de musiciens sous ses ordres transportent outre-mer leur public trop nombreux cette nuit et le gratifient de l'œuvre musicale intitulée Danses hongroises n°1 de Johannes Brahms. Les instruments et spécialement les violons, en l'absence du piano, donnent libre cours aux do et si qui emplissent la salle. Tout le public est transporté par le son des 51 musiciens dans les rêves. Les exécutants ont joué en parfaite harmonie. Un véritable moment de plaisir et une véritable séance anti-stress. Des applaudissements plus nourris que les premiers en guise de remerciements pour le plaisir et l'ambiance procurée cette nuit. Toute de suite, le morceau de musique est suivi par le chant patriotique Alayki Mini Salam, chanté par la chorale polyphonique et joué par l'orchestre. Le tableau chaoui a aussi tenu en haleine les spectateurs. Dès l'apparition des dix danseurs vêtus à la manière chaouie : chèche, burnous et m'lahaf, le public les a longuement ovationnés. À chaque mouvement corporel, les spectateurs admirent et acclament. Un constat de taille, les gens des Aurès continuent encore à admirer les danses traditionnelles de la région. En revanche, notons que le pas de danse était plutôt de Boussaâda que des Aurès. De plus, le port du malh'fa dans une danse Souja – où le danseur glisse le pas – n'est pas adéquat. Dans ce genre de danse, c'est la gandoura qui devrait être portée. La malh'fa est beaucoup plus portée dans la danse du ventre. Pour le respect de l'identité des Aurès, nous espérons qu'une étude s'impose. L'essentiel, cette nuit, le public s'est bien délecté aux sons de la musique, des chants et des danses. En solidarité avec le peuple de Gaza, la chanteuse Faïza Amel, vêtue en noir, a chanté la chanson des frères Rahbani Ya Zahrat El-Madaene (Ya Qodsou). Séquence émotion où certains passages ont été repris en chœur par le public. Ensuite la chorale a chanté une chanson de Cherif Khaddam, ainsi que le tube d'El-Hadj M'Hammed El-Anka Hamdoulilah mabqach istiêmar fi bladna. À la fin de ce cocktail, l'Orchestre symphonique national a été ovationné par le public. Batna s'est déridée même si ce n'était que pendant deux heures. B. Boumaïla