L'organisation demande un instrument de couverture des opérateurs contre le risque de change. Conformément au programme de travail qu'il s'est fixé pour l'année 2003, le Forum des chefs d'entreprise organisera le mois d'octobre prochain un séminaire, “national ou international”, sur l'aménagement du territoire comme un des instruments clefs d'une politique nationale de développement économique et social. C'est que pour les membres de l'exécutif du Forum, qui ont animé, hier, une conférence de presse à l'hôtel Hilton, “la notion d'aménagement du territoire ne fait presque pas l'objet des préoccupations affichées des politiques publiques, au point qu'elle semble avoir même presque disparu du débat économique national”. Réda Hamiani, vice-président du Forum, a souligné que la masse des problèmes accumulés au cours des quarante années écoulées depuis l'indépendance de l'Algérie, en terme d'aménagement du territoire, “est gigantesque”. Certains problèmes se posent comme des défis majeurs. Hamiani évoque l'eau, les terres agricoles, l'urbanisation anarchique… la question est d'autant plus urgente que le séisme du 21 mai dernier vient nous rappeler, d'une manière “mortelle”, l'anarchie qui règne en Algérie en terme de construction et d'occupation des espaces. Rien n'est respecté. Des habitations qui côtoient des zones industrielles, des usines au milieu des habitation. “Jusqu'à maintenant, on a fait tout faux”, affirment les membres de l'exécutifs du Forum. La formule utilisée par M. Issad Rebrab, vice-président du Forum résume, à elle seule, l'étendue du drame. “L'urbanisme en Algérie est une catastrophe qui a engendré plusieurs catastrophes sociales”, a-t-il souligné. Il semble que, depuis 1962, les catastrophes naturelles ont occasionné quelque chose comme 50 milliards de dollars de pertes à l'Algérie. En engageant le débat sur ce thème, le Forum des chefs d'entreprise affirme ne pas prétendre donner des réponses à des questions très difficiles, nécessitant pour leur prise en charge beaucoup plus que des outils techniques et du savoir-faire. Le Forum reconnaît que la question est d'abord du domaine des compétences exclusives de l'Etat et de l'administration. L'objectif est simplement de faire prendre conscience du lien intime qui unit l'aménagement du territoire et la politique nationale de développement économique et social. Trois axes ont été dégagés. Il s'agit de la préservation des ressources rares (eau et terres agricoles), de l'urbanisation et l'occupation spatiale (politique de construction, aménagement urbain, constructions de villes nouvelles, infrastructures de transport...) et enfin, protection de l'environnement et développement durable. Les ministres de l'environnement, de l'eau et de l'équipement y seront invités. Le Forum des chefs d'entreprise vit d'une manière dramatique le glissement du dinar par rapport à l'euro. Le Chef du gouvernement a été même saisi au sujet de l'absence d'un instrument officiel permettant à une entreprise activant sur le marché national de se couvrir contre le risque de change. Cette situation affecte notamment les opérations commerciales courantes des entreprises, dans la mesure où l'absence de solution pour se couvrir contre le risque de change ne leur permet pas de calculer les coûts de revient en temps réel et donc d'afficher et de mettre en œuvre des politiques commerciales transparentes. Les entreprises qui opèrent dans des secteurs d'activités à prix ou à marges plafonnées sont, à cet égard, particulièrement touchées, dans la mesure où elles ne disposent pas de la possibilité de répercuter légalement les coûts qu'elles assument autrement qu'en abandonnant leur marge commerciale déjà faible. S'il appartient à la Banque centrale de fixer souverainement la parité de la monnaie nationale par rapport aux monnaies étrangères, les entreprises devraient pouvoir, en contrepartie, disposer d'un instrument qui leur permette d'arbitrer au fur et à mesure leurs opérations de commerce ou d'investissement en tenant compte de l'évolution du cours du dinar. Il est souhaité la mise en place par les institutions financières et bancaires nationales d'un marché à terme de devises, comme cela se pratique partout dans le monde. La flambée de l'euro face au dollar pénalise lourdement les importations des entreprises, mais aussi les revenus pétroliers du pays, étant donné que les exportations du pétrole et du gaz algériens sont libellés en dollars. Le niveau actuel des taux de change du couple euro-dollar “gêne beaucoup nos échanges commerciaux”, affirme Hamiani. Ce dernier affirme que théoriquement un acte peut être envisagé, estimant que certains économistes pensent que l'Algérie “a trop dévalué sa monnaie”. Mais pour Rebrab, patron de Cevital, “pour stabiliser notre monnaie, il faut augmenter les exportations hors hydrocarbures”. M. R.