Avant de rallier Madrid et Paris, l'émissaire onusien était à Alger. Son objectif n'est autre que la réussite de cette mission pour le grand bien de la région, après s'être rendu compte que le Maroc campe sur ses positions, tandis que le Front Polisario veut une solution basée sur le respect du droit de son peuple à l'autodétermination. Dans une discrétion totale, le nouvel envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental a eu des entretiens avec les responsables algériens, dont le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et le chef de la diplomatie, Mourad Medelci, dans la journée de lundi. Alger, qui s'est toujours déclarée comme non partie au conflit, n'a fait que réitérer sa disposition à apporter sa contribution pour une solution prenant en considération le droit du peuple sahraoui à choisir son destin, conformément à la légalité internationale et aux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur la question. Christopher Ross devait rallier, hier, Madrid pour discuter avec le gouvernement Zapatero, dont le pays n'est autre que l'ex-puissance coloniale au Sahara occidental, et qui doit assumer sa responsabilité historique. Il devrait ensuite se rendre aujourd'hui dans la capitale française, escale tout aussi importante que l'Espagne dans cette tournée en raison du poids de la France, qui constitue le principal allié du royaume chérifien dans ce conflit. Il faut dire que le plan d'autodétermination marocain ne doit sa survie qu'au soutien indéfectible jusque-là de l'Elysée, qui pèse de tout son poids au Conseil de sécurité des Nations unies pour en faire la base des négociations entre le Maroc et le Front Polisario, comme une forme d'autodétermination. Il n'en demeure pas moins que les responsables sahraouis ont fait comprendre à l'émissaire onusien qu'ils s'accrochaient à leurs droits dans le cadre de la légalité internationale en réclamant l'organisation d'un référendum d'autodétermination dans lequel l'indépendance serait l'une des options. Ils ont notamment rappelé leur “attachement aux efforts de l'ONU pour la décolonisation du Sahara occidental”. Quant à Christopher Ross, il a affirmé qu'il était venu à Tindouf pour “s'enquérir de la position du Front Polisario et de son point de vue sur les modalités à mettre en œuvre pour progresser dans les négociations auxquelles a appelé le Conseil de sécurité (...) pour une solution mutuellement acceptable, une solution qui prend en charge le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination”. D'ailleurs, avant l'entame de la tournée de l'envoyé personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara occidental, des responsables onusiens avaient précisé qu'il s'agissait simplement d'évaluer les chances d'une reprise du processus de négociations lancé à Manhasset, près de New York, en juin 2007, entre le Maroc et le Polisario, sous l'égide de l'ONU. “Après les réunions qui se sont tenues à New York la semaine dernière, impliquant le secrétaire général, les membres du Conseil de sécurité, ainsi que les parties au conflit que sont le Maroc et le Front Polisario, l'envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, est parti pour la région en prévision des consultations prévues”, avait notamment déclaré la porte-parole de l'Onu, Michèle Montas, dans un point de presse. C'est dire l'importance de cette tournée de Christopher Ross dans la région, d'autant plus qu'elle est élargie, pour la première fois à Madrid et Paris, dont le rôle dans le règlement de ce conflit est loin d'être négligeable, bien au contraire. Merzak TIGRINE