La galerie Arcima de Paris a accueilli durant ce mois de février une exposition de Hamid Lafer intitulée “Parfums de femmes, voiles et lumière de Timimoun”. Des installations et sculptures en hommage aux femmes de Timimoun dont la grâce inspire sans retenue l'artiste et galvanise son imaginaire. Architecte et designer, diplômé de l'Ecole des beaux-arts d'Alger, où il enseigna de longues années, et de l'Ecole supérieure des arts décoratifs de Paris, lauréat de peinture de la ville d'Alger en 1976, l'artiste a vécu et travaillé à l'étranger. En juin 2008, il expose au Musée d'art et d'histoire militaire de Fontainebleau, à l'initiative des Amis de Timimoun. Il s'installe, en 2005, à Timimoun et se consacre à la reconstruction des ksars et vieilles maisons de la ville rouge. Hamid Lafer sculpte les formes féminines, en quête de leur secret. Il impulse des formes généreuses à ses sculptures, les voiles des femmes sont devinés, il magnifie les formes, les enserre, puis libère une jambe, un galbe qui réinstalle le désir et la volupté, le parfum de la vie. La présence des femmes, dans la cité, se veut discrète, silencieuse, et pourtant, elle suspend le regard du sculpteur, verrouille sa pensée. L'artiste dépose délicatement la forme féminine, détourne parfois le regard et la forme de l'œuvre, l'élargit ou la resserre, accepte et fige le mouvement. Plus qu'un hommage aux femmes, une fervente délivrance de mots tus. De son côté, Samia Skénazène expose au Centre culturel algérien. Elle revendique — et cela tombe bien —, exige que regard soit posé sur son travail : “Je suis une artiste qui a besoin du regard des autres sur mon œuvre.” Son exposition intitulée “Anaphase” est composée d'œuvres essentiellement produites en 2007. Ses productions sont douloureuses, tumultueuses, et pourtant nul signe de ce corps à corps avec la matière, le support, dans les œuvres accrochées. Samia Skénazène ne se livre pas totalement, les gestes sont mesurés, les espaces contraints, les bordures maîtrisées. Elle construit son univers à l'image de ses peintures miniatures : une densité de matières (huile, gouache, émaux, goudron, acrylique) pour un travail élaboré, très dense, un imaginaire fertile mais “épongé” de scènes traditionnelles, patrimoniales. Diplômée de l'Ecole des beaux-arts d'Alger en 1987, Samia Skénazène vit en région parisienne, préside l'Association des artistes de Suresnes et anime un atelier de peinture. Son œuvre est juste une réussite personnelle, le fruit de longues nuits blanches, où elle tente de réveiller son métier de peintre et de vaincre l'engourdissement des sens de vingt ans d'hibernation. M. A.