Palette n Une belle exposition de l'artiste peintre Choukri Mesli se tient en ce moment au Musée d'art moderne d'Alger (Mama). Elle se poursuivra jusqu'au mois d'août. L'œuvre, une rétrospective retraçant les différentes époques où l'artiste s'est livré à la création, comprend une soixantaine de tableaux, allant de l'abstrait au semi-figuratif, mais tous ont un point commun et convergent vers une même tendance : le symbolisme. Celui-ci s'organise autour de signes et de motifs, les uns puisés dans les représentations que l'on retrouve dans les poteries ou encore dans les tapis berbères, les autres, en revanche, sont inspirés, plus particulièrement, du terroir africain. Les peintures se caractérisent par des couleurs chaudes, chatoyantes, vivantes, des couleurs qui, par leur «température chromatique», traduisent une vitalité créatrice, et témoignent d'une inspiration relevée et spécifiquement imaginative. La palette choisie et développée par l'artiste se présente comme la projection d'un imaginaire en mouvement qui s'effectue dans cette organisation de symboles et de signes. Ces derniers composent, tels un poème, chacune des peintures. Cette composition s'ordonne et s'orchestre cependant dans un enchevêtrement de motifs énigmatiques et de signes à l'apparence ésotérique, voire cabalistique. Mais toutes ces représentations sont composées, imaginées dans un raffinement de formes et de couleurs. Outre la référence faite par l'artiste au patrimoine et au legs ancestral, et ce à travers les signes et symboles, Choukri Mesli évoque également dans d'autres peintures, le personnage de la femme, personnage qu'il représente dans toute sa beauté et son élégance. Cette représentation se fait toujours en signes et en symboles. La femme chez Mesli devient porteuse de signes. Parce qu'elle est tatouée jusqu'au nombril. Elle est signe, symbole. En peignant la femme, Mesli met l'accent sur le corps féminin, corps qu'il évoque et imagine dans sa sensualité, le tout se laisse déchiffrer dans cette composition de motifs et de signes aux origines millénaires. Cette évocation de la femme s'effectue dans une géométrie du désir. A travers chaque représentation de la femme, l'artiste compose une géométrie – et une géographie – du désir, désir de dire la femme, de la nommer, de l'aimer. Mesli dit la femme dans exaltation fantasmatique. Par ce désir porté sur la femme, l'artiste s'emploie à nous émouvoir. Né le 8 novembre 1931 à Tlemcen dans une famille d'intellectuels et d'artistes, Choukri Mesli a suivi un cursus à l'Ecole des Beaux-arts d'Alger où il eut comme professeur le peintre et miniaturiste Mohamed Racim. Entre 1954 et 1960, il étudia à l'Ecole des Beaux-arts de Paris (France), où il sera le premier Algérien à obtenir le diplôme supérieur en Arts plastiques. Le plasticien, qui participera à la Révolution nationale, séjournera entre 1960 et 1962 au Maroc, où il exercera en qualité de professeur de dessin. A l'indépendance de l'Algérie, il rejoint l'Ecole nationale des Beaux-arts d'Alger où il formera des générations d'artistes peintres. Membre fondateur de l'ex-Union nationale des arts plastiques (Unap), Choukri Mesli compte à son actif de nombreuses expositions individuelles et collectives dont la première remonte à mai 1955 ainsi que des réalisations publiques : une fresque de 100 m2 en carreaux de métal émaillé intitulée Les trois Révolutions et trois sculptures installées dans les communes de Hydra, Bordj El-Kiffan et Bir Mourad Raïs.