La politique de renouveau agricole se met en branle. Les mécanismes identifiés, les instruments installés, il reste alors la mise en marche de “cette nouvelle vision globale” du secteur. S'appuyant sur le discours du Président lors de la conférence de Biskra le 28 février dernier, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a organisé une journée avec les directeurs de l'agriculture et des forêts où il a décortiqué le discours de Bouteflika dans lequel il avait annoncé huit grandes mesures. De son côté, Rachid Benaïssa est allé dans le détail, avec trente points précis autour de cinq grands axes relatifs à la nouvelle démarche qui s'inscrit dans “la sécurité alimentaire pour la préservation de l'indépendance nationale”. Il s'agit en premier lieu du paquet lié à la préservation des ressources nationales, notamment le sol et l'eau. La sécurisation des acteurs (les intervenants) à travers cette vision claire qui permet d'élaborer des programmes. La régulation, qui est un grand problème, a été abordée jusque-là avec des recettes conjoncturelles. Le paquet des filières comme les céréales, les semences, le patrimoine génétique. Et enfin, l'appel à l'organisation aux différents niveaux d'intervention, que ce soit les producteurs ou l'administration. Il a toutefois tenu à préciser à la presse que la décision de l'effacement des dettes des agriculteurs et des éleveurs annoncée par le président de la République ne relève pas de son secteur. “C'est une décision politique. Son application relève des prérogatives du ministère des Finances et de ses services”, a-t-il souligné. Il a également ajouté que le chiffre de 110 000 fellahs concernés par la décision n'est qu'une estimation. Cela a été vite confirmé par l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef) dans un communiqué annonçant la mise en application, par les banques concernées, de la décision des pouvoirs publics d'effacer les dettes des agriculteurs en invitant les établissements à cesser le recouvrement des créances détenues chez ces derniers. Dans la mise en œuvre du renouveau, outre le dispositif futur, il a annoncé que certaines décisions sont déjà matérialisées, notamment la récupération de certaines des entreprises publiques de froid et de stockage fermées ou en voie de privatisation et leur remise en marche. Il a exhorté les directeurs à transmettre l'explicatif détaillé du discours (c'est carrément un cours didactique de sensibilisation) à la base, dans toutes les régions afin de ramener les agriculteurs à adhérer à cette démarche une fois assimilée. Parmi les projets, également, figurent les centres destinés à accueillir les ovins, que ce soit pour l'engraissement, l'insémination ou les tunnels de congélation, le ministre a précisé qu'il s'agit d'un service. Et libre aux éleveurs contre des tarifs concurrentiels d'opter pour ces centres, soit pour engraisser les agneaux, l'insémination ou l'abattage et la conservation de la viande. Aucune des structures remises en place ou créées n'est obligatoire. Le ministère a élaboré un plan de répartition du budget annuel de 220 milliards de dinars (3 milliards $), une esquisse selon les priorités et l'importance des projets ou programmes. Le soutien à l'effort productif, autrement dit les agriculteurs producteurs, sera doté d'une enveloppe de 60 milliards de dinars. Le système de régulation qui intègre également les structures de stockage, y compris pour les céréales, sera doté de 70 milliards de dinars. Le développement rural, un programme à lui seul, sera couvert avec 60 milliards de dinars et le reste sera consacré au renforcement des capacités et à la modernisation de l'administration, les technologies, la formation et les capacités de lutte contre les incendies. La balle est donc dans le camp des agriculteurs et des éleveurs à qui revient la mission de développer le secteur avec un accompagnement actif des pouvoirs publics à travers les mesures d'aide et le dispositif réglementaire. Le secteur industriel, public, privé et étranger, n'est pas concerné par ce dispositif, mais il est sollicité pour participer à cet effort. Quant à l'investissement dans l'agriculture, l'Etat pose deux conditions : la concession des terres et la satisfaction des besoins du marché national en priorité. Il n'y aura ni cession ni vente des terres, a insisté le ministre. Le moment est venu de “se mettre en mouvement”, a-t-il lancé à l'endroit des acteurs du secteur. Djilali B.